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« Créer de nouveaux espaces de dialogue »
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La Croix : Comment les principales religions britanniques s’étaient-elles exprimées, en juin 2016, sur le Brexit ?Jane Stranz : Au Royaume-Uni, les statistiques confessionnelles ne sont pas interdites. Peu après le vote, un sondage de l’institut d’études YouGov (2) établissait ainsi que seulement 34 % des fidèles de la Church of England (Église d’Angleterre), 45 % des catholiques – et 46 % des autres chrétiens – s’étaient prononcés pour rester dans l’UE. Le vote global était 48% pour rester et 52% pour sortir. En revanche, 53 % des Britanniques dits « sans religion », et les autres confessions confondues – musulmane, sikhe, hindoue… – s’étaient exprimées à 51 % en faveur du Remain… Mais il y aurait encore beaucoup de nuances à apporter, au sein de nations britanniques régies par des traditions religieuses et politiques très différentes !Comment fonctionne le dialogue interreligieux en Grande-Bretagne ?J. S. : Le dialogue interreligieux s’exprime par des formes diversifiées, mais sa place va de soi dans la société ! Prenons l’exemple de la ville multiculturelle de Leicester (Midlands) : elle compte d’importantes populations sikhe, musulmane et hindoue, installées là depuis deux ou trois générations.S’il y a parfois des tensions entre ces traditions, l’interreligieux fonctionne plutôt bien. Fait notable, le St Philip’s Centre – projet œcuménique porté par la Church of England et d’autres Églises partenaires – est en partie aussi financé par les communes, l’État, l’éducation nationale pour faire un travail professionnel sur les religions, le vivre-ensemble.C’est très différent de la France. Dans ma ville natale, Redditch (Midlands), des Églises chrétiennes ont construit ensemble des paroisses. À l’aube des années 1990, j’ai fait une partie de mes études dans l’est de Londres, lors de la première guerre du Golfe : dans les écoles, on célébrait l’Aïd, le Diwali…Jusqu’il y a une vingtaine d’années, la religion était la seule matière obligatoire à l’école en Angleterre : cela a donné un bagage à beaucoup d’élèves. Des prières de différentes religions sont diffusées sur les ondes de la BBC. Mais cette ouverture n’occulte pas d’autres problèmes, comme l’islamophobie ou les accusations d’antisémitisme visant encore en ce moment le Parti travailliste…L’Église anglicane conserve-t-elle un rôle privilégié ?J. S. : À très peu d’exceptions près, l’Église établie a toujours eu des privilèges depuis le XVIe siècle ! En Angleterre, un certain nombre d’évêques anglicans siègent au Parlement, à la Chambre des lords.→ ENTRETIEN. Brexit, l’Église anglicane confrontée à de nombreux défisMais l’ancien grand rabbin Jonathan Sacks y était par exemple aussi. Par rapport à la France, il n’y a pas ce même besoin, pour les responsables religieux, de devoir se représenter auprès de l’État, ou de vouloir justifier devant lui que les religions existent.Comment les institutions religieuses entendent-elles garder le lien avec leurs homologues européennes?J. S. : Les Églises veulent maintenir des passerelles. J’étais chargé de l’œcuménisme à la Fédération protestante de France (FPF) au moment du Brexit : l’Église d’Angleterre nous avait très vite écrit, comme certainement à ses autres partenaires de dialogue. Au niveau du lien entre anglicans et catholiques, le pape François et Mgr Justin Welby, primat de l’Église anglicane, portent toujours cette volonté d’incarner une relation proche.Et quels seront leurs autres défis, après le Brexit ?J. S. : Au-delà de la sécularisation, elles devront faire preuve d’audace, de créativité, pour dépasser les mythes et les identités nationales, en créant notamment de nouveaux espaces de dialogue au sein de la société britannique. Cela rejoint l’épineuse question du pluralisme : comment rendre attractif ce qui est certes compliqué, mais beau, dans un débat populiste simpliste ?→ À LIRE. Brexit : « Les liens ecclésiaux sont plus forts que les différences politiques »Nous ne pouvons pas continuer à vivre dans le repli, sans chercher à prendre en compte les diversités et les richesses qui existent au sein de chaque Église. Au fond, il n’y a pas vraiment d’acquis dans le dialogue interreligieux, comme dans l’œcuménisme ; sans avoir peur de tenter l’échec, ou d’essuyer les plâtres, il faut sans cesse nous découvrir et nous redécouvrir !
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