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« J’ai fini un tour du monde en solitaire »

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« J’ai fini un tour du monde en solitaire »

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En ce 19 janvier 2017, c’est la tempête dans la tête d’Armel Le Cléac’h. La cuirasse du marin se fissure, les émotions déferlent. Plus que quelques dizaines de milles, et le skippeur de Banque populaire en aura terminé avec son tour du monde à la voile et sans escale, après soixante-quatorze jours de navigation loin des hommes. Son poursuivant Alex Thomson ne peut plus le rattraper, sauf coup du sort. La foule l’attend déjà en vainqueur sur les quais des Sables-d’Olonne : un plongeon sans filet dans une marée humaine qu’il n’a pas vraiment préparé. « Jusqu’à la veille, j’ai refusé de penser à mon arrivée », raconte-t-il quatre ans après.Les souvenirs de course se réveillent, toujours précis et techniques chez ce marin pudique : « Durant les dernières 24 heures, le vent souffle dans le bon sens et il fait très froid. » En longeant les rivages du Finistère, qu’il a sillonnés par tous les temps, le Breton est happé par son passé : les premières sorties en famille avec le paternel, les régates avec les copains, les courses chez les grands… Son voilier bleu et blanc croise des cargos. Deux Rafale le survolent. Après des mois de silence, la radio VHF crache à nouveau ses messages. « On retrouve la vie qu’on a quittée », explique-t-il.Armel Le Cléac’h glisse rapidement sur le « tourbillon d’émotions » qui l’a transpercé en franchissant la ligne imaginaire devant les Sables-d’Olonne. On insiste sur un fait immortalisé par les caméras : ses premières larmes d’homme en public. Ce jour-là, ce père de famille, un brin austère, se presse le visage avec son gant, lâche « j’hallucine », et pleure, les nerfs à vif. « Pendant des mois, j’ai vécu avec la pression du favori, gardant tout pour moi, mes doutes et mes déboires techniques, comme une cocotte-minute qui monte en pression, se souvient-il. Et là, enfin, je n’avais plus besoin de maîtriser mon discours. »Aux dires de l’intéressé, l’arrivée au port est « brutale ». Cet ingénieur cartésien ne maîtrise plus rien, cédant même à son équipe le contrôle de son bateau dont il a appris à jauger, les yeux fermés, les oscillations dans les vagues. « À ce moment-là, je suis perdu, je ne m’appartiens plus, résume- t-il. Il est difficile de garder ses repères lorsque vous êtes emporté par une vague de sollicitations. » Tout s’enchaîne à marche forcée : les questions des journalistes, les retrouvailles avec sa femme et ses deux enfants, le public sur le ponton.Armel Le Cléac’h, d’ordinaire, ne goûte guère aux concerts et autres rassemblements humains. Après soixante-quatorze jours sans toucher ses semblables, il a pourtant « apprécié » de plonger dans la foule amassée sur des centaines de mètres le long des quais. « Au milieu des océans, on fait le point sur sa vie, confie- t-il. J’ai eu le temps de mesurer l’importance des rapports humains et j’ai pensé à tous ces gens que j’aimais et que je négligeais parfois. » À terre, le vainqueur s’attarde une demi-heure avec les siens, avant d’être rattrapé par la soirée des festivités où l’adrénaline gomme provisoirement l’épuisement physique.Entre deux sollicitations, le skippeur avale son premier vrai repas depuis des mois, un steak frites, et prend sa première douche à l’eau chaude. Le confort de la vie à terre lui saute aux yeux. En mer, il se lavait à l’eau salée et se rinçait avec deux litres d’eau douce qu’il avait fabriqués à partir des panneaux solaires du bateau. Pas de gaspillage à bord : chaque petit geste indispensable de la vie quotidienne a un sens et un coût. « Après un tour du monde, j’ai commencé à avoir beaucoup de recul sur les choses matérielles et j’ai essayé de conserver cette sobriété », poursuit-il.On dit qu’aller au bout des océans en se jouant des tempêtes, des avaries et de ses peurs, seul à la barre de géants des mers aussi puissants que fragiles, vous change définitivement. Armel Le Cléac’h n’est plus tout à fait le même depuis sa victoire – qu’il a puisée jusqu’aux tréfonds de son corps et de sa tête. Plus confiant, moins stressé, plus ouvert, il a appris à fixer ses priorités. « Je vais à l’essentiel, pense-t-il avec le recul. Je ne m’embarrasse plus devant les petites choses qui peuvent vous pourrir la vie. »Dans quelques jours, les premiers concurrents du Vendée Globe 2021 devraient pénétrer dans le chenal des Sables-d’Olonne. Le vainqueur de l’édition 2016-2017 viendra saluer son successeur au palmarès de la course mythique. Celui-ci ne connaîtra sans doute pas la foule des grands jours, Covid oblige. Mais le lauréat de l’édition 2016-2017 en est sûr : « Ce sera violent, brutal et magique, bref un moment unique dans une vie. »

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