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« Les liens entre collègues structurent l’entreprise »
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La Croix : Comment les responsables des ressources humaines envisagent-ils les liens qui unissent les collègues d’une entreprise ?Frédéric Guzy : Il ne faut pas oublier d’où on part ! La grande entreprise post-fordiste dans laquelle on entrait à 25 ans et faisait toute sa carrière était un véritable écosystème où tout le monde se croisait. Managers et ouvriers spécialisés y entraient ensemble, suivaient des carrières parallèles et se connaissaient bien. L’entreprise était ainsi un lieu de socialisation avec des structures qui encourageaient cela, même si les relations interpersonnelles ne mélangeaient pas les catégories : on se retrouvait entre ouvriers d’un même atelier, entre cadres, entre agents de maîtrise…→ ANALYSE. Avec le confinement, les Français se montrent attachés à leurs collègues de travailQuand j’étais responsable des ressources humaines dans l’industrie, j’ai été marqué par un ouvrier dont l’épouse venait de décéder mais qui avait tenu à retravailler dès le lendemain : pour lui, ses collègues étaient le cocon dont il avait besoin.Aujourd’hui, les choses ont néanmoins bien changé…F. G. : Parce qu’elles en ont déjà connu deux ou trois, les jeunes générations ont un rapport différent à l’entreprise. Leurs collègues de travail sont désormais des gens qui passent mais avec lesquels ils peuvent très vite développer des relations d’amitié.→ À LIRE. Au travail, de nouveaux bureaux pour de nouveaux usagesLes réseaux sociaux favorisent beaucoup cela à travers des petits groupes de collègues, qui se voient souvent en dehors du travail.Cela bouscule-t-il l’organisation hiérarchique de l’entreprise ?F. G. : Cela peut parfois être compliqué à gérer pour le manager qui n’a pas forcément la maîtrise sur ces petits groupes. Par exemple, quand vous accompagnez un processus de transformation, vous avez besoin de communiquer avec votre équipe mais si, en parallèle, se développent des canaux où l’information circule vite et de manière non maîtrisée, ce peut être très difficile.La crise du Covid a bien montré l’importance de ces relations pour les entreprises. Depuis le début de l’année, à cause des confinements et du télétravail, il devient parfois difficile d’accueillir et d’intégrer les nouveaux arrivants. Ceux qui arrivent ne connaissent pas ces réseaux de convivialité, et il leur est difficile de s’intégrer dans ces sous-ensembles. Cela montre combien ces groupes sont structurants dans l’entreprise et constituent un enjeu fort pour le management.Mais ces réseaux peuvent-ils être maîtrisés ?F. G. : Je ne le crois pas. Il faut admettre qu’il y aura toujours quelque chose qui se passe de manière parallèle. Par contre, il faut éviter que tout passe par ces réseaux. On ne pourra jamais les empêcher de se mettre en place, mais on peut essayer de structurer des relations d’équipes complémentaires.Ces réseaux modifient-ils aussi la vie des syndicats ?F. G. : Les syndicats ont longtemps été un des réseaux de socialisation les plus importants dans l’entreprise. Aujourd’hui, les salariés ont davantage un rapport de service avec le comité d’entreprise, par exemple.→ VIE AU TRAVAIL. La pause déjeuner au travail, toujours sacrée ?L’enjeu pour les syndicats, et la qualité du dialogue social, n’est pas tant de combattre ou de remplacer ces réseaux que de trouver les moyens d’une réelle représentation des équipes.
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