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À Nantes, un diplôme universitaire dépassionne les débats sur la laïcité
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Un îlot de sérénité dans un océan de débats enflammés sur la laïcité. Voilà comment étudiants et enseignants dépeignent le diplôme d’université (DU) « Droit, société et pluralisme religieux », dispensé par l’université de Nantes, destiné notamment à former les aumôniers des différents cultes exerçant dans l’armée, en prison ou à l’hôpital. Si le premier diplôme de ce type a été initié en 2008 par l’Institut catholique de Paris, ils se sont multipliés ces dernières années, y compris dans les universités publiques, plutôt frileuses au départ.→ ANALYSE. Laïcité, la France est-elle toute seule ?Il faut dire qu’un décret de mai 2017 oblige les aumôniers rémunérés nouvellement recrutés à suivre une telle formation. S’ils s’adressent à tous les cultes, ces DU ont été pensés à leur origine « comme l’instrument privilégié d’une formation publique des cadres musulmans », rappelle le philosophe Philippe Gaudin, directeur de l’Institut européen en sciences des religions (IESR). L’idée étant de faire émerger un « islam de France », à l’aise avec les principes de la République.Des profils variésÀ Nantes, ce DU lancé en 2015 accueille chaque année une douzaine de personnes aux profils variés : environ un tiers d’aumôniers, des étudiants en droit ou sciences humaines intéressés par les questions religieuses mais aussi des professionnels de la fonction publique ou du secteur privé. « Cette diversité de profils, croyants ou non, génère des promotions très intéressantes, salue Charles Bahurel, directeur du DU et professeur de droit privé à l’université de Nantes. La majorité des étudiants sont de confession musulmane, mais nous avons aussi deux aumôniers catholiques et un orthodoxe cette année. »Droit des religions et espace public, sciences sociales et religion, droit privé et fiscalité des cultes, cette formation de 150 heures apporte des bases solides. « Les étudiants musulmans arrivent parfois avec une vision très négative de la laïcité, qui serait agressive envers leur religion, constate le professeur. Mais quand ils comprennent qu’elle permet de protéger et défendre les droits des religions, on observe une évolution intéressante. » Ce que confirme Philippe Gaudin : « Dès que l’on enseigne sérieusement la laïcité, les musulmans tombent de leur chaise, au sens positif du terme, car elle est protection de la liberté de conscience et de culte et non athéisme d’État. »Des repères utilesCette formation favorise la prise de recul sur des sujets sensibles, loin des raccourcis des débats télévisés. « Sur les caricatures de « Charlie Hebdo », par exemple, quand on étudie dans le détail la décision de la cour d’appel de Paris, les étudiants comprennent mieux ce que signifie la liberté d’expression, poursuit Charles Bahurel. D’autant que d’autres décisions de justice démontrent qu’elle n’est pas illimitée. » Des repères bien utiles aux aumôniers de prison, souvent confrontés à des jeunes en rupture. « Ils se sentent mieux armés pour discuter avec eux », glisse-t-il.Khaddouj Hmain, infirmière de 51 ans, a suivi ce DU quand elle était aumônière à l’hôpital. « J’ai énormément appris, confie celle qui retire son voile pour travailler mais regrette qu’il génère autant de préjugés. J’ai retenu que la liberté religieuse est plus forte dans les textes que dans les discours. Prenons les sorties scolaires. J’ai toujours porté mon voile pour accompagner mon fils sans que cela ne pose de problème. Mais des hommes politiques en font une polémique. »Dialogue entre religionsCe DU offre aussi un précieux espace de dialogue. « On a beaucoup échangé sur nos religions respectives, c’était passionnant, confirme l’ancienne aumônière. Nous étions une petite promotion où régnait beaucoup de bienveillance. » Les anciens diplômés sont nombreux à conserver des liens.« Ces formations sont une occasion rare de rencontre entre responsables religieux de différentes confessions, souligne Philippe Gaudin. On peut espérer qu’ils soient des ferments d’apaisement en cas de tensions. » La remise des diplômes s’effectue toujours en décembre, à la préfecture. « Chaque étudiant reçoit son diplôme des mains du préfet, indique Charles Bahurel. C’est un moment important car ils se sentent reconnus et valorisés par la République. »
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