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Au péril de la mer

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Au péril de la mer

L’image est rare. Elle montre le Christ et les Sept Dormants d’Éphèse dans une barque. Ces derniers auraient été emmurés vivants après avoir refusé de renoncer à leur foi dans le Dieu unique et, selon la double tradition chrétienne et musulmane, se seraient réveillés après plus de deux cents ans de sommeil, en 448 à Éphèse, au moment où l’Église orientale se scindait entre melkites, nestoriens et monophysites. De son côté, l’islam, qui y voit la preuve tangible de la résurrection, les salue chaque vendredi en récitant la sourate XVIII, «Les Gens de la Caverne ».

Qu’est-ce qui rend cette image si curieuse ? D’abord, le travail de réappropriation effectué par cette jeune plasticienne thaïlandaise de confession bouddhiste. Entièrement créée in situ lors de la dernière Biennale de Lyon, l’œuvre propose une singulière « réactualisation » de l’imagerie chrétienne, associée aux grands récits historiques d’Asie du Sud-Est auxquels elle est attachée, notamment autour des thèmes du temps, de la perte et des ruines liés aux cycles karmiques – d’où le titre de l’œuvre, qui marque sa dimension de renouvellement, de régénérescence. Or, là où, d’ordinaire, les Sept Dormants sont représentés dans leur grotte, ils sont ici non seulement figurés dans une barque – en référence, explicite en islam, à la proue des navires de la flotte turque dont ils sont l’effigie –, ce qui fera dire à Salah Stétié, poète franco-libanais décédé en mai dernier, combien « admirable et forte est l’image qui fait des Sept Saints les maîtres du rassurement en mer », mais encore, fait rarissime jusqu’ici, ils sont en présence du Christ lui-même. Voilà ce qui fait tout le mérite de cette œuvre originale. Car, loin d’être une déviance ou un détournement du sens, ce procédé de « récupération » est au contraire le signe d’une créativité, laquelle nous invite à inlassablement réinterpréter, encore et toujours, la nature de nos croyances – et leurs représentations. À ceci s’ajoute ce trait de la tendresse infinie de Dieu traduite par cette image de la barque ballottée par les flots.

Écoutons encore Salah Stétié : « D’après la légende, les Sept Dormants ont été bercés dans leur sommeil par la main de Dieu, qui les a tournés et retournés dans leur nuit, tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche, afin qu’ils y trouvassent le plus profond repos, les voici qui se transforment en intercesseurs pour le bateau, lui aussi exposé – comme eux le sont à telle mort réelle et figurée – au “péril de la mer”, ainsi qu’il est dit, en France, du Mont-Saint-Michel (1). »

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