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Auprès des femmes enceintes
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VarsovieDe notre envoyé spécialAnna Parzynska arbore fièrement ses boucles d’oreilles en forme d’éclair rouge, le signe de ralliement qui a mis ces derniers mois des dizaines de milliers de femmes dans la rue en Pologne contre la possibilité d’une quasi-interdiction de l’avortement. À Varsovie, ce logo n’est pas seulement peint sur les murs. Il s’invite dans les boulangeries, sur les gâteaux, ou dans les boutiques de vêtements.Chargée de réaliser les tests prénataux à hôpital Bielanski de Varsovie, la gynécologue est entrée sans le vouloir dans la lumière des projecteurs, après que le Tribunal constitutionnel a invalidé un article autorisant l’IVG en cas de malformation grave du fœtus, le 22 octobre. Depuis, elle enchaîne les interviews.À 37 ans, Anna Parzynska n’a pas encore eu d’enfants, ce qui ne l’empêche pas de savoir de quoi elle parle. Elle reçoit les femmes enceintes au moment des trois échographies de dépistage. C’est à elle que revient la joie de dire que « tout va bien ». À elle, aussi, d’annoncer le pire, suivi de nombreuses questions, souvent les mêmes – « Pourquoi moi ? Qu’ai-je fait de mal ? »Elle accompagne ensuite les femmes dont la grossesse présente un risque. Depuis le 22 octobre, elles sont désormais deux fois plus nombreuses à venir en consultation, des quatre coins de la Pologne, alors que l’arrêt du Tribunal constitutionnel, suspendu, menace à tout moment d’entrer en vigueur (1).En demandant un rendez-vous à Varsovie, beaucoup se disent qu’en cas de mauvaise nouvelle elles pourront être traitées au plus vite pour une IVG, alors que dans de nombreuses régions, les hôpitaux ne proposent pas l’avortement. « Leurs décisions sont parfois prises sans prendre le temps de réfléchir, et de s’écouter. Pourtant, ce temps du deuil ou de l’acceptation est primordial pour s’assurer que leur choix leur appartient. »Avant cette décision du Tribunal constitutionnel, un rendez-vous avec un médecin spécialiste de la maladie dépistée pouvait être pris, pour aider la femme enceinte à comprendre les traitements nécessaires et avoir une idée, dans les cas les plus graves, des chances de survie. « Celles qui le souhaitent peuvent venir observer les soins palliatifs périnataux réservés aux bébés qui ne peuvent pas être soignés », précise la gynécologue.Elle accompagne également les parents qui ont du mal à accepter une malformation bénigne. « En cas de bec-de-lièvre par exemple, montrer les images d’un enfant après opération peut aider à apaiser les craintes. » Ce temps pour appréhender l’avenir est devenu plus rare. De plus en plus de femmes optent pour un avortement à l’étranger.Lorsque Anna Parzynska était étudiante en médecine, le progrès médical et les évolutions de la recherche retenaient son attention. « Ce n’est qu’à la fin de ma spécialité que je me suis mise à voir le côté humain, à aller auprès des patientes. » Aujourd’hui, elle exerce également à Nowy Sacz, dans le sud du pays, où la tradition catholique est plus ancrée. Elle-même est issue d’une famille attachée à l’Église, comme la majorité des Polonais. Elle se dit croyante, mais pas pratiquante.Selon elle, beaucoup de femmes refusent les tests prénataux, considérés comme une ingérence trop poussée dans leur grossesse. Sans même parler d’une amniocentèse. Déterminées à garder leur enfant quoi qu’il arrive, elles préfèrent s’en remettre à Dieu. « Certaines refusent les examens de peur d’être tentées d’avorter. »Anna Parzynska fait alors passer des messages. En douceur. Mais son but n’est pas d’infléchir leur choix. « J’explique que les tests ne sont pas un verdict pour l’enfant, mais un moyen de se préparer. Dans le cas d’une malformation cardiaque, réserver un chirurgien pour l’accouchement, c’est se donner une chance de plus de défendre la vie. » Il est rare que l’argument fasse mouche. Souvent, ces femmes ne reviennent pas.La gynécologue craint que la quasi-interdiction de l’avortement ne signe la disparition du diagnostic prénatal et des financements de la recherche. « Notre code d’éthique nous oblige en principe à soigner avec les connaissances les plus récentes. Mais si les fonds se tarissent, nous pourrions vivre un recul de cinquante ans. »
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