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Barkhane, le temps de la remise en cause

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Barkhane, le temps de la remise en cause

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► Quel est le bilan militaire et politique ?Pour l’exécutif et les militaires français, le « sursaut » décidé au sommet entre la France et le G5 Sahel à Pau, le 13 janvier 2020, a produit de « nombreux résultats tactiques ». Plusieurs chefs terroristes ont été tués, et l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), affilié à Daech et désigné ennemi numéro un par Paris, serait « affaibli ».Mais son rival, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou RVIM), lié à Al-Qaida, aurait, lui, pris de l’assurance. « Prospérant sur la misère, l’endoctrinement, l’absence d’alternatives sociales ou économiques, et de manière plus intelligente et patiente que l’EIGS, il cherche à établir son propre mode de gouvernement, son propre système éducatif, sa propre justice. Il s’appuie pour cela sur les tensions communautaires existantes », expliquait le général Marc Conruyt, commandant de l’opération française, devant les sénateurs, le 9 décembre 2020.Pour Marc-Antoine Pérouse de Montclos, directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement, un coup d’œil sur la carte de la bande sahélo-saharienne suffit à mesurer le défi : « La menace s’est étendue dans toute la région depuis 2013. Lorsque les Français sont intervenus, les djihadistes étaient sur le point de prendre Sévaré, dans le centre du Mali, à 600 km de Bamako. Aujourd’hui, leurs 4 × 4 circulent à une centaine de kilomètres de la capitale malienne » (1). Ces groupes déstabilisent désormais les deux tiers du Mali, presque tout le Burkina Faso et le Niger, la région du lac Tchad et le nord du Tchad.Leur pression s’étend même sur les pays du Golfe de Guinée : Côte d’Ivoire, Togo, Bénin et Cameroun. Aucun résultat décisif n’a été obtenu depuis 2013, pas plus qu’en Libye (où la marine, des forces spéciales et des agents du renseignement sont mobilisés par Paris) et au Nigeria (où la France aide au renseignement et à la constitution d’un commandement intégré contre Boko Haram), tous deux en dehors du champ officiel de l’intervention française.Sur le plan politique, la situation de la sous-région s’est même fortement dégradée. Le Mali est revenu à la situation qui prévalait en 2013, avec un président renversé par des militaires. Un tiers des Burkinabés n’ont pas pu voter en raison de la situation sécuritaire à la dernière élection présidentielle. Et le régime d’Idriss Déby, au Tchad, est toujours aussi peu démocratique. Seules les récentes élections présidentielles au Burkina Faso et au Niger ont respecté l’ordre constitutionnel, en rupture avec la tradition de coups d’État récurrents de leur histoire post-indépendance.► Pourquoi la France paraît-elle seule ?« Les Européens n’ont pas la même perception de la menace, estime Marc-Antoine Pérouse de Montclos. Les groupes contre lesquels Barkhane fait la guerre n’ont jamais commis d’attentat outre-mer, à la différence de ce qui s’est passé avec Daech en Syrie. » Lorsqu’on les interroge en off, certains militaires et spécialistes du renseignement admettent eux-mêmes que ces groupes n’ont effectivement pas la capacité de mener des actions terroristes en France. « Pour les Européens, s’il s’agit juste de rétablir la sécurité dans la bande sahélo-saharienne, alors c’est aux armées des pays concernés de s’en occuper. C’est pourquoi ils forment des bataillons de l’armée malienne depuis 2013, avec les résultats que nous connaissons, quasis nuls. »La menace d’une invasion migratoire est en revanche un argument qui se vend beaucoup mieux auprès des Européens, de crainte qu’une dégradation brusque de la situation sécuritaire entraîne un afflux de réfugiés, note le spécialiste. Même si c eci n’est pas officiellement dit, cette menace explique en partie le soutien des Allemands et des Espagnols aux opérations militaires de la France dans la zone, et la participation de Berlin à la Mission de formation de l’Union européenne au Mali et à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).L’aide des pays européens est aussi manifeste dans les transports lourds dont la France est dépourvue. Enfin, une quarantaine d’Estoniens sont engagés dans le groupement Takuba, composé de forces spéciales européennes déployées dans la bande sahélienne, bientôt rejoint par une soixantaine de Tchèques et 150 Suédois.On le sait moins, mais l’opération Barkhane ne pourrait pas se tenir sans le soutien des États-Unis, qui assurent un tiers de sa logistique et lui apportent l’essentiel du renseignement avec sa vingtaine de drones sur zone. Pour Marc-Antoine Pérouse de Montclos, ce soutien ne doit pas être surestimé : « Comme àBruxelles, beaucoup d’analystes à Washington ne partagent pas le point de vue du ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian sur l’ampleur de la menace terroriste au Sahel. »► Faut-il dialoguer avec les djihadistes ?C’est un sujet qui oppose Paris à ses alliés africains, plutôt favorables à l’ouverture de négociations avec les autochtones mais pas avec les leaders djihadistes venus du Maghreb. C’est le cas du Mali avec le GSIM, dont le chef est un Touareg malien, Iyad Ag Ghali. Impulsé sous le président Ibrahim Boubacar Keïta, le dialogue avec ce groupe se poursuit avec le gouvernement de transition, comme en témoigne la libération de 200 prisonniers djihadistes par Bamako en l’échange de celle du chef de l’opposition malienne Soumaïla Cissé (2) et de Sophie Pétronin.La France est obligée de s’y résoudre, même si elle s’y oppose officiellement. À la fois pour des raisons tactiques mais aussi pour éviter de se fâcher avec Bamako, Paris concentre son effort militaire sur la « zone des trois frontières » où sévit surtout l’État islamique. « Florence Parly ou Jean-Yves Le Drian affirment que nous ne discutons pas avec les terroristes. Mais bien sûr, ils le font, affirme le chercheur. Comment la France obtient-elle la libération de ses otages ? »► La France doit-elle se retirer du Sahel ?« Nous n’avons pas vocation à être éternels au Mali », a affirmé Florence Parly, le 10 janvier. Si l’heure du désengagement n’est pas venue, des décisions pour adapter le dispositif seront prises au prochain sommet du G5 Sahel à N’Djamena au Tchad, mi-février. Juste quelques jours après un débat opportun au Sénat devant permettre de tirer un bilan. Une réduction du format est probable, avec le retour des 600 hommes envoyés en renfort en 2020. L’Élysée entrevoit de poursuivre l’accompagnement des armées africaines, au risque que la France soit «éclaboussée par les exactions commises par ces dernières », s’inquiète Marc-Antoine Pérouse de Montclos.Plus l’élection présidentielle approchera, plus Barkhane risque de s’inviter dans le débat politique. L’exécutif considère qu’il n’y a pas eu de remise en cause jusqu’à présent de cette opération, juste des interrogations. Or, un sondage Ifop pour Le Point, publié le 11 janvier, montre que la majorité des Français (51 %) désapprouvent, désormais, la présence française au Mali.

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