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Benjamin Biolay et Pomme triomphent aux Victoires de la musique
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Benjamin Biolay et Pomme ont été sacrés aux 36e Victoires de la musique, vendredi 12 février, au cours d’une cérémonie devenue une tribune en soutien au spectacle vivant sinistré et au mouvement #MeToo. « Ça n’a pas été une année très victorieuse pour la musique », a lâché Biolay au moment de recevoir son premier trophée de la soirée, celui d’artiste masculin.L’auteur-compositeur-interprète a ensuite taclé le « silence assourdissant des pouvoirs publics » face à la situation de la filière musicale, en général, et de la scène, en particulier, fragilisées par la crise sanitaire. « Et maintenant, la bamboche ! », a-t-il crié de joie en prenant le deuxième prix, le plus prestigieux, celui du meilleur album, au titre prémonitoire « Grand Prix ». À 48 ans, il a désormais obtenu six Victoires.Un coup de projecteur pour #MusictooL’autre Victoire très attendue, celle d’artiste féminine, a fini dans les mains de Pomme. Ce trophée est un gros coup de projecteur au mouvement #MeToo, encore naissant dans la filière musicale et nommé #Musictoo. Pomme a en effet décrit son « arrivée dans l’industrie de la musique » comme « traumatisante » dans une lettre ouverte publiée jeudi 11 février par Mediapart. « De mes 15 à mes 17 ans, j’ai été manipulée, harcelée moralement et sexuellement, sans en avoir conscience à cette époque évidemment », confiait l’artiste de 24 ans.En recevant son prix (deuxième Victoire de sa jeune carrière), Pomme a souhaité une « industrie (musicale) plus + safe + (sûre) pour les femmes », en espérant que ces dernières puissent « renverser les codes » du milieu. « Le chemin est encore long pour les femmes, les Noires, les grosses », a aussi commenté Yseult, révélation féminine de l’année. La chanteuse a toujours expliqué qu’elle faisait de la couleur de sa peau et de ses formes une arme politique au travers de ses morceaux et de ses vidéos.Crise sanitaire oblige, la soirée s’est déroulée dans une ambiance étrange à la Seine Musicale, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), sans public. Près de 200 figurants étaient cependant présents dans la salle pour applaudir les prestations live des artistes. Jean-Louis Aubert, président d’honneur, a d’ailleurs ouvert la cérémonie en entonnant à la guitare « Je rêvais d’un autre monde… », premières paroles d’un tube de Téléphone à forte portée symbolique en cette période troublée.Jean-Louis Aubert a interpellé Roselyne BachelotDans son discours inaugural, Aubert a réclamé à la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, de « continuer à prendre soin des musiciens, des équipes techniques, des organisateurs de spectacle », le temps que la situation revienne à la normale. En coulisses, Mme Bachelot a réaffirmé son soutien aux artistes, auprès de l’AFP. « Je travaille d’arrache-pied de jour comme de nuit (…) pour bâtir un modèle résilient qui va nous permettre de traverser cette crise, a-t-elle affirmé. Je suis avec les artistes et je leur souhaite beaucoup de courage. Je suis avec eux ».Biolay, lui, a chanté « Comment est ta peine ? », le tube de son dernier album, dans une version très « club », en solidarité aux lieux de vie nocturne fermésen raison de la crise sanitaire. Un des musiciens de l’orchestre a également pris le micro pour dire qu’il avait perdu la moitié de ses revenus depuis l’arrivée de la pandémie de Covid-19. Plus tôt dans la journée, des manifestants de la CGT Spectacle avaient occupé symboliquement la Philharmonie de Paris, en déployant des banderoles « Culture sacrifiée », « Gouvernement disqualifié ».Parmi les autres prix attribués, on retiendra la Victoire d’honneur remise à Jane Birkin, en baskets comme à son habitude, pour l’ensemble de sa carrière.
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