NOUVELLES
Cinq ans après, l’accord de Paris est toujours en vie
[ad_1]
Cinq ans après la COP21, dont il fut l’une des figures, Laurent Fabius n’a pas perdu son sens de la formule. « Pour le climat, il n’y a pas de vaccin mais un antidote : l’application intégrale de l’accord de Paris », a souligné le président du Conseil constitutionnel, quelques jours avant l’anniversaire de ce texte emblématique, qui sera officiellement fêté samedi 12 décembre.Puis le voilà qui se glisse dans les pas du général de Gaulle. « Il disait : entre ”possible” et “impossible’’, il y a deux lettres et un état d’esprit. » Il fallait bien cela, sans doute. Revenir en 1940, aux heures sombres, mais surtout à l’espoir. Car en cette fin 2020, cinq ans après le fameux coup de marteau entérinant l’adoption d’un traité international inédit (lire ci-dessous), le défi climatique reste immense. Et le texte, une boussole qui bon an, mal an, a tenu.2020, parmi les plus chaudes annéesSans surprise, les nouvelles du climat sont mauvaises. 2020 devrait figurer parmi les trois années les plus chaudes jamais recensées, malgré le phénomène météorologique « la Niña », qui participe au refroidissement des températures. Et il a fait si chaud du côté de l’Arctique que la moitié de la banquise a déjà été perdue. Sans parler de l’été caniculaire européen et de la succession de sécheresses et de tempêtes venus éreinter de nombreuses populations dans le monde. « La nature répond toujours coup pour coup (…) avec une force et une fureur de plus en plus grandes », a observé Antonio Guterres, qui a fait du climat son grand combat à l’ONU.Le secrétaire général des Nations unies a pourtant de vrais motifs d’espoir. D’abord, s’il tourne son regard vers la Chine. Le 22 septembre, le président chinois Xi Jinping s’est engagé à la neutralité carbone en 2060. Sur le front du climat, la Chine est un mastodonte : premier émetteur de gaz à effet de serre, le pays est responsable de 28 % des émissions mondiales. « La Chine est un acteur important, confirme le climatologue Hervé Le Treut, professeur à Polytechnique et à la Sorbonne. Son engagement est à prendre très au sérieux ». Et si la dépendance du pays au charbon est réelle, « elle se stabilise et devrait décliner », indique de son côté Stéphane His, consultant et expert en énergie. Surtout, reprend Hervé Le Treut, « la Chine a les moyens financiers et technologiques de tenir ses promesses ».→ LES FAITS. Novembre 2020, le plus chaud jamais enregistré dans le mondeDes moyens et une influence. Dans la foulée, le premier ministre japonais, Yoshihide Suga, a annoncé un objectif de neutralité carbone en 2050, de même que la Corée du Sud. « Que l’Asie bouge sur ces questions est un signe très positif », poursuit Stéphane His. Mieux, la « neutralité carbone », autrement dit le fait d’atteindre « 0 émission nette » (1) est devenue la référence. « C’est un aspect très important, note ainsi Sébastien Treyer, à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Car on est passé de réductions marginales des émissions à la transformation en profondeur des économies. » D’après l’ONU, plus de 110 pays s’y sont engagés, dont la France.Un consensus mondialCe n’était pas acquis. Et l’accord de Paris n’y est pas pour rien. « La grande force de cet accord, c’est le consensus mondial qui le fonde, décrypte Rémy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement, un fidèle des COP. Depuis 2015, on ne débat plus de l’ampleur du défi climatique, tous les pays se sentent directement concernés. Même lorsqu’un Donald Trump annonce le retrait des États-Unis, en 2017, c’est un déni, qui ne convainc personne ». Il n’y a pas eu d’effet domino, y compris dans des pays dirigés par des climatosceptiques comme le Brésil. « L’accord a créé un élan, il est mal vu de ne pas le respecter », constate ainsi Philippe Lamberts, co-président du groupe des Verts au Parlement européen.Si la dynamique a tenu, la lutte est toutefois entrée en 2017 dans une zone de hautes turbulences, compte tenu du poids diplomatique des États-Unis et de son rôle dans la réussite de la COP 21. Il a fallu contenir l’influence de pays réfractaires, le Brésil, mais aussi la Turquie (qui n’a toujours pas ratifié l’accord, de même que l’Iran), la Pologne ou l’Australie, grand pays exportateur de gaz et de charbon… « On est entrés en résistance, témoigne Rémy Rioux, qui se souvient d’un échange en marge d’un G20 avec l’ancien président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, un Américain. Il m’avait dit : il faut résister, il faut tenir ! Quelques semaines plus tard, il s’était fortement engagé dans le One Planet Summit organisé par Emmanuel Macron ». Le monde du climat à tenu, l’Amérique aussi.« We are still in »Dès l’annonce du retrait, le 1er juin 2017, dans les jardins de la Maison-Blanche, plusieurs États, villes, universités, entreprises américaines se sont engagées à respecter les objectifs de l’administration Obama (une baisse de 26 à 28 % des émissions avant 2025). Ils ont ainsi rejoint une multitude de coalitions, comme « We Are Still In » (près de 4 000 membres dont des groupes religieux et des tribus amérindiennes), et signé des déclarations comme l’« America’s Pledge », de l’ancien maire de New York Michael Bloomberg et de l’ancien gouverneur de Californie, Jerry Brown. 65 % de la population américaine serait ainsi « couverte » par la promesse américaine, ce qui devrait faciliter le retour des États-Unis dans la course, promise par le nouveau président, Joe Biden.Comment les États-Unis peuvent-ils revenir dans l’accord de Paris ?« Cette implication des acteurs non-étatiques, société civile, collectivités, acteurs économiques, c’est l’autre grande force de l’accord de Paris, estime ainsi Damien Navizet, à l’AFD. Depuis 2015, les avancées sont réelles à cet égard, sur fond de baisse du coût des renouvelables, qui facilite la transition énergétique. D’après Stéphane His, près de « 823 villes et 101 régions » défendent la neutralité carbone ; tandis que « 1 500 compagnies, représentant 11,4 milliers de milliards de dollars, se sont assignées à des trajectoires de décarbonation », dans de nombreux secteurs d’activité : groupes pétroliers, banques, sociétés de conseil, industrie lourde, technologies numériques, etc.De son côté l’Iddri observe que les entreprises se démarquent d’une « compensation carbone » moins exigeante — même si celle-ci est loin d’avoir disparu. Mais « les nouveaux protocoles RSE font la distinction entre les efforts concrets » de baisse des émissions et les « mécanismes de compensation » (2). Le monde de la finance fait aussi sa mue, remarque Rémy Rioux (lire page 4).Trajectoire à 3 °C ou 4 °CCela suffit-il ? Non, répondent nombre d’écologistes, les yeux rivés sur le rythme alarmant du réchauffement, convaincus qu’il faut aller au-delà des bonnes intentions et vite. À l’heure actuelle, la trajectoire se situe entre 3 et 4 degrés, loin de l’accord de Paris (1,5 °C à 2 °C en 2100). Faisant craindre de lourdes conséquences pour l’humanité. « Fixer des objectifs, c’est important, c’est même performatif. Mais nous entrons dans la question délicate du : comment », reconnaît Rémy Rioux.L’Union européenne promet de faire sa part. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a ainsi fait du « Green Deal » le pilier de son quinquennat. La pression de l’opinion y est très forte — le phénomène Greta Thunberg qui a inspiré des millions de jeunes, est né en Suède. Mais pour espérer atteindre une baisse de 55 % d’ici à 2030, ce pacte vert implique des investissements massifs (1 000 milliards sur dix ans) dans les énergies renouvelables et les technologies de l’hydrogène.De Dunkerque à Noirmoutier, les côtes françaises devraient à elles seules accueillir sept nouveaux projets d’éolien offshore entre 2022 et 2027. Avec un risque récurrent : que la dynamique ne soit éclipsée par les impératifs de court terme, le sauvetage d’économies encore très dépendantes des fossiles. La plupart des plans de relance nationaux s’avèrent en deçà des exigences climatiques.→ ANALYSE Climat : les « petits pas » ne suffiront pas, prévient l’ONUL’autre risque est celui d’un monde à deux vitesses. L’accord de Paris avait de grandes ambitions, en liant le destin des pays du Nord – historiquement responsables des dégâts du climat – et du Sud, déjà exposés à ses conséquences. L’enveloppe de 100 milliards de dollars annuels, qui était promise à ces derniers n’est pas atteinte.Les pays d’Afrique se sont d’ailleurs organisés pour évaluer le surcoût du développement durable : les chiffres varient de 119 dollars par habitant et par an en Sierra Leone à 4 000 en Mauritanie. « Malgré des progrès, le fossé entre les besoins identifiés et les financements reste énorme », souligne Mohamed Ali Mekouar, du centre international de droit comparé de l’environnement. Que ce soit pour aider les pays à atténuer leurs émissions qu’à s’adapter à leur impact.—————–Un nouveau sommet pour rehausser l’ambitionLe 12 décembre 2015, lors de la COP21 à Paris, plus de 190 pays ont adopté un accord inédit pour lutter contre le changement climatique.L’objectif de l’accord de Paris est de contenir la température mondiale à un niveau inférieur à + 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, voire si possible à + 1,5 °C.Samedi 12 décembre, jour anniversaire des 5 ans de l’accord, un sommet est organisé par l’ONU et le Royaume-Uni – qui préside la COP26, prévue à Glasgow en novembre 2021 –, avec le concours de l’Italie et de la France.L’enjeu du sommet : pousser les pays signataires à être plus ambitieux dans la baisse de leurs émissions de gaz à effet de serre. Des annonces sont attendues, notamment sur la neutralité carbone et les mesures d’adaptation au changement climatique.—————–Des émissions mondiales de CO2 en baisse sous l’effet du CovidD’après les données que le Global Carbon Project (GCP), organisme de référence, vient de publier, « les émissions mondiales de CO2 fossile devraient diminuer d’environ 2,4 milliards de tonnes en 2020 (– 7 %) », une baisse record. Elle est liée aux mesures de confinement imposées par la pandémie de Covid-19.Cette baisse a été plus forte aux États-Unis (– 12 %), dans l’Union européenne (– 11 %) et en Inde (– 9 %) qu’en Chine, « où les mesures de restriction ont été prises au début de l’année et ont été plus limitées dans le temps » (– 1,7 %). Cependant, souligne le GCP, « les concentrations de CO2 dans l’atmosphère, et le contenu en carbone de la végétation, des sols, et dans les océans continue d’augmenter ».
[ad_2]
Ссылка на источник