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Des cow-boys aux podiums, l’odyssée du jean
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Comment un vêtement de travail de la fin du XIXe siècle a-t-il fini par être adopté sur tous les continents, jusqu’à devenir aujourd’hui un symbole de la mondialisation et de ses excès ? C’est l’une des questions que soulève l’exposition qui s’ouvre à partir du mardi 8 décembre à la Cité des sciences et de l’industrie, à Paris.C’est un vêtement dont les historiens peinent à retracer les origines. Plusieurs théories existent sur le nom du tissu dont il est dérivé. Il pourrait provenir d’une toile de laine, dite de Gênes, exportée au Royaume-Uni dès le XVIe siècle dont le nom anglicisé aurait donné le mot jean. À la même époque, une autre toile faite de soie et de laine est tissée à Nîmes. Elle pourrait être à l’origine du mot denim.→ INTERVIEW. Mode : « Il faudrait acheter moins pour acheter mieux »Ce qui est certain, c’est que dès la fin du XVIIIe siècle, des fabriques outre-Atlantique produisent à la fois du jean et du denim. Elles y intègrent du coton, largement cultivé aux États-Unis. Mais le jean tel que nous le connaissons n’existe pas encore. Il faudra attendre 1872 et un tailleur du Nevada nommé Jacob Davis. Il a l’idée de renforcer les vêtements des travailleurs avec des rivets, pour éviter que les outils ne déchirent les poches.En 1873, le jean est néLe succès de l’invention est immédiat, mais Jacob Davis n’a pas les moyens de payer un brevet. Il se tourne alors vers le grossiste auprès duquel il se fournit en denim : un certain Levi Strauss, fondateur de la Levi Strauss & Co. En échange d’intérêts sur les ventes, Strauss dépose le brevet avec Davis en 1873. Le jean est né.D’autres entreprises, dont la principale est Lee, concurrencent Levi’s en proposant à leur tour des vêtements de travail en denim. Il faut attendre les années 1920 et 1930 pour que le jean s’étende à la fois vers l’Est et dans d’autres couches de la population. Après la Première Guerre mondiale, des ranchs de tourisme se multiplient dans l’ouest du pays et attirent des vacanciers aisés qui peuvent ainsi se fournir en denim. La figure du cowboy en blue-jean devient d’autant plus mythique qu’elle est portée à l’écran avec les westerns.Tout cela est loin d’être anecdotique : c’est en se positionnant sur le mythe de l’Ouest sauvage que l’entreprise Wrangler rejoint Levi’s et Lee pour devenir l’un des trois géants du denim dans la première partie du XXe siècle, rapporte James Sullivan dans son ouvrage Jeans. A Cultural History of an American Icon (Gotham Books, 2006).« L’entre-deux-guerres est une période de démocratisation des loisirs, le jean sera adopté et vendu comme un vêtement de confort, explique Sophie Lemahieu, chercheuse en histoire du vêtement. Le jean va peu à peu toucher différentes couches de la société, jusqu’à devenir universel. »L’aura de HollywoodAprès la Seconde Guerre mondiale, les soldats américains exportent le blue-jean. En parallèle, il bénéficie de l’aura de Hollywood, à travers des figures comme James Dean, Marlon Brando, Marilyn Monroe ou Elvis Presley, et plus tard des stars du rock’n’roll. La jeunesse le porte non plus comme vêtement de loisir, mais comme habit ordinaire.Les femmes deviennent également une autre cible des fabricants de denim, après avoir été marginalisées pendant cinquante ans. Levi’s réintroduit une ligne « femme » dans les années 1950, après sa suspension pendant la guerre, rapporte James Sullivan. Lee Cooper et Wrangler font de même. Plus tard, dans les années 1980, les marques se positionneront sur une ligne plus « glamour », voire sexualisée, en proposant des coupes moulantes.« La rue va influencer les marques, celles-ci répondent ensuite à la demande, note Sophie Lemahieu. Les hippies portent leurs jeans brodés de fleurs : ils pourront en acheter déjà brodés. Les punks le portent customisé et déchiré, il sera vendu comme tel. » Jusque dans les années 1980, le jean est vendu brut. Nombreux sont ceux qui font alors des bains de mer pour lui donner un aspect délavé. Qu’à cela ne tienne : des marques proposeront des pantalons vieillis grâce à la technique du stonewashing, qui consiste à laver les pantalons avec des galets.D’après Greenpeace, plus de deux milliards de jeans sont produits chaque année. Depuis les années 1990, ils sont désormais essentiellement fabriqués en Chine, en Inde et au Bangladesh. De symbole de l’Amérique, le jean est devenu celui de la mondialisation.Virage vers le « développement durable »→ ARCHIVE. Le Levis 501 s’accroche à sa légendeLe jean est désormais partout, dans les soirées, au bureau ou sur les podiums des défilés de mode. La bataille du marché est gagnée et les marques se battent dorénavant sur le front de l’écologie. Depuis une dizaine d’années, le jean est en effet attaqué pour ses impacts sociaux et environnementaux, de la culture du coton à la toxicité des teintures, en passant par les conditions de travail dans les pays où il est produit. Une technique de délavage en particulier, le sablage, est accusée de provoquer la silicose chez les travailleurs, une maladie pulmonaire incurable. Si elle est désormais interdite dans la plupart des pays, il est difficile de contrôler le respect de cette interdiction, relèvent les ONG.Comme le reste de l’industrie textile, celle du jean revendique son virage vers le « développement durable ». Des leaders historiques aux géants de la mode rapide mettent en avant des pratiques et technologies plus respectueuses de l’environnement : utilisation de coton bio ou recyclé, réduction et récupération de l’eau, procédés de teinture moins gourmands en produits chimiques ou encore techniques de finition au laser.« Dès lors qu’il y a production, il y a impact environnemental, relativise Florence Clément, responsable de la coordination grand public de l’Agence de la transition écologique, anciennement Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). La technologie peut permettre de réduire cet impact mais il faut surtout encourager la possession longue durée. » Un retour aux fondamentaux, en somme.——–Produit au Sud, utilisé au NordEntre 1964 et 1975, le chiffre d’affaires annuel de Levi’s passe de 100 millions à un milliard de dollars, soit dix fois plus. Le reflet d’une période d’explosion des ventes de jeans.Aujourd’hui, 2 milliards de jeans sont fabriqués chaque année dans le monde. Certaines estimations font monter ce chiffre à 4 milliards. Environ 90 millions seraient destinés au marché français.Les États-Unis, l’Europe et le Japon sont les principaux marchés du jeans. La Chine est le principal producteur, mais de nouveaux acteurs émergent depuis les années 2000, notamment en Afrique (Éthiopie, Kenya, Égypte).
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