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En Afghanistan, un couvre-feu pour tenter d’enrayer l’avancée des talibans
Une nouvelle mesure pour tenter de juguler l’avancée des talibans. Samedi 24 juillet, le ministère de l’intérieur afghan a annoncé la mise en place d’un couvre-feu nocturne dans la quasi-totalité des 34 provinces du pays, à l’exception des régions de Kaboul, du Pandjchir et de Nangarhar. Ce couvre-feu s’appliquera entre 22 heures et 4 heures du matin.Le gouvernement espère limiter les activités des insurgés, qui depuis des années profitent du couvert de la nuit pour manœuvrer. « En temps normal, les forces afghanes contrôlent les routes et tiennent des checkpoints durant la journée, mais la nuit tout le monde rentre à la maison, explique à La Croix Fahim Sadat, responsable du département de relations internationales de l’université Kardan de Kaboul. Ce couvre-feu permettra de mieux contrôler les déplacements d’une région à l’autre, et d’empêcher le regroupement et le réarmement des factions talibanes. »→ ENQUÊTE. À Kaboul, le gouvernement afghan tient malgré l’offensive talibaneD’après cet analyste, le couvre-feu permettra aussi de remobiliser, au sein des villes, les segments de la population favorables au gouvernement, en leur montrant que la guerre est à leur porte, et qu’ils doivent apporter leur soutien, d’une manière ou d’une autre. Et empêcher les infiltrations de forces hostiles, à l’heure où les talibans semblent se préparer à monter à l’assaut des centres urbains.« Repli stratégique »Les talibans ont multiplié les attaques depuis le retrait de la coalition internationale d’Afghanistan, tant et si bien que leur retour au pouvoir est aujourd’hui une hypothèse sérieuse pour nombre d’observateurs. La perte du soutien aérien offert par l’aviation américaine a notamment été un facteur crucial permettant aux talibans de repartir à l’offensive.Craignant qu’une victoire des insurgés ne fasse à nouveau de l’Afghanistan un sanctuaire pour les réseaux djihadistes, Washington a cependant lancé récemment de nouvelles frappes aériennes pour venir en aide aux forces de sécurité afghanes. « Une violation claire » de l’accord signé l’an dernier par les États-Unis et les insurgés, « qui aura des conséquences », ont menacé les talibans dans un communiqué diffusé le 23 juillet.Après une période de sidération marquée par des revers retentissants, et un « repli stratégique » qui a abandonné aux insurgés de nombreux districts difficiles à contrôler, la priorité pour Kaboul est désormais de stabiliser la situation en endiguant la progression de leurs ennemis. Maîtres de plus de la moitié du pays, principalement dans les zones rurales, ces derniers ont notamment mis la main sur d’importants postes-frontières avec l’Iran, le Turkménistan, le Tadjikistan et le Pakistan voisins. Le gouvernement, de son côté, tente de sanctuariser les capitales provinciales et des infrastructures stratégiques.Risque d’asphyxie« [Les forces de sécurité afghanes] consolident leurs positions autour des centres de population stratégiques », a commenté, samedi 24 juillet, le général Lloyd Austin, secrétaire américain à la Défense. « Pour ce qui est de savoir si ça permettra d’arrêter l’avancée des talibans, je pense que la première chose à faire est de ralentir leur élan », a-t-il ajouté, notant que les insurgés conservaient les moyens de réaliser des progrès.→ RELIRE. Sous l’égide de l’Otan, la Turquie veut jouer un rôle en AfghanistanCette stratégie n’est pas sans risques. En encerclant les villes, les talibans pourraient parvenir à les asphyxier, alors que la conquête de postes-frontières porte un grand coup à l’économie. Aussi, si la victoire par les armes n’est pas acquise, il est possible que la rupture intervienne au niveau politique, à force de fragiliser la précaire coalition gouvernementale. Une possibilité sur laquelle tablent également les talibans.