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En Allemagne, le cléricalisme continue de diviser

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En Allemagne, le cléricalisme continue de diviser

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Il y a deux ans, jour pour jour, le pape François en appelait à tous les catholiques en publiant sa « Lettre au peuple de Dieu ». Il y reconnaissait les manquements de l’Église catholique face à la crise des abus sexuels et pointait le « cléricalisme », « manière déviante de concevoir l’autorité dans l’Église », comme une cause majeure. En Allemagne, où les catholiques affichent régulièrement leur volonté de réforme, l’interpellation avait suscité l’enthousiasme mais deux ans plus tard, une certaine déconvenue s’exprime quant à l’évolution au Vatican.

Une question débattue depuis longtemps dans le pays

La publication, lundi 20 juillet, par la Congrégation pour le clergé d’une instruction sur « la conversion pastorale de la communauté paroissiale » a suscité une vive émotion. « Il y a une nette contradiction entre la lettre du Pape et ce document », assure Gerhard Kruip, théologien à l’université Gutenberg de Mayence. « Le ton y est très hostile aux laïcs, estime-t-il. Le fait que le pape ait proposé de lutter contre le cléricalisme a suscité un vif intérêt en Allemagne. D’où, une déception aujourd’hui. »

→ ENQUÊTE. Les laïcs au cœur de la réforme de l’Église allemande

Outre-Rhin, la question du cléricalisme est en effet débattue depuis longtemps. « Il existe depuis des années déjà, des agents pastoraux laïcs qui jouent un rôle très important au sein des paroisses », rappelle ainsi Gerhard Kruip. Le modèle dit « de Rottenburg » du nom du diocèse où il a été appliqué à partir de 1972 a officialisé une coopération entre prêtres et laïcs dans la direction des paroisses et a ensuite essaimé dans le pays. Dans ce domaine, l’Allemagne fait figure de « précurseur », comme le soulignait le site Katholisch.de.

Ainsi, depuis 2018, quatre laïcs dirigent des paroisses dans le diocèse d’Osnabrück, sans supervision d’un prêtre. C’est le cas de Michael Göcking, théologien de formation. « Cette réorganisation est une solution au manque de prêtre et n’a pas été conçue pour réduire le cléricalisme, mais elle y contribue de facto » observe-t-il.

Une instruction fraîchement accueillie par les laïcs

Dans ce contexte, la publication de l’instruction, qui rappelle que « diriger, coordonner, modérer, gouverner la paroisse » revient exclusivement à un prêtre, a reçu un accueil pour le moins mitigé auprès de l’organisation représentant les laïcs en Allemagne. « Ce texte ne coïncide en rien avec la réalité du terrain et constitue un retour au cléricalisme pur » regrette sans ambages Claudia Lücking-Michel, vice-présidente du Comité central des catholiques allemands (ZdK).

De nombreux évêques ont aussi exprimé leur étonnement, tels que Peter Kohlgraf, évêque de Mayence, et Franz-Josef Bode, évêque d’Osnabrück. Pour ce dernier, le document de la Congrégation pour le clergé représente « un tel frein à la motivation et à l’appréciation des services des laïcs » qu’il se dit « très préoccupé de savoir comment trouver de nouveaux chrétiens engagés dans de telles conditions », écrit-il dans un communiqué.

Pour Klaus Nientiedt, ancien journaliste au magazine catholique Konradsblatt, « de nombreux évêques ont le sentiment que cette instruction leur est adressée ». Le texte intervient en effet alors que Rome a demandé en novembre au diocèse de Trêves de revenir sur une réforme de ses paroisses. Elle prévoyait la création de grandes paroisses et un partage approfondi des responsabilités.

Un chemin synodal ambitieux mais contesté

Au sein de l’Église allemande, la question de la lutte contre le cléricalisme est solidement ancrée au cœur du travail de la Conférence épiscopale depuis deux ans. Davantage encore que la lettre du pape au peuple de Dieu, la publication d’un rapport sur les abus sexuels au sein de l’Église catholique en Allemagne, en septembre 2018, a constitué un tournant.

Dans la lignée du pape François, ce document identifiait le cléricalisme comme l’une des causes de ce fléau. Depuis, la conférence épiscopale a lancé un chemin synodal, afin de proposer des réponses concrètes à ces problèmes structurels. « Nous sommes en bonne voie mais il faudra observer ce qui sortira du chemin synodal » prévient Claudia Lücking-Michel.

→ ANALYSE. Le Vatican appelle les paroisses à la transformation missionnaire

Car les interrogations à ce sujet sont grandes. Ses décisions seront-elles limitées, comme le craignent certains ? Pour Mgr Bode, le chemin synodal est une réponse car il traite de thèmes majeurs comme « la pénurie de prêtres, les modes de vie sacerdotaux ou encore la participation des femmes et des hommes dans l’Église ». Toutefois, cette orientation reste polémique et fait l’objet de délicats équilibres à maintenir. Le chemin synodal et une certaine conception de la lutte contre le cléricalisme suscitent de vives oppositions, notamment de la part des évêques de Cologne et de Ratisbonne.

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Un chemin synodal porté en partie par les laïcs

Décidé en mars 2019 par la Conférence épiscopale allemande (DBK), le chemin synodal vise à débattre de l’avenir de l’Église catholique. Officiellement lancé le 1er décembre 2019, il est organisé conjointement par la DBK et le Comité central des catholiques allemands (ZdK), instance qui représente les laïcs.

Les débats portent sur le pouvoir dans l’Église, la morale sexuelle, le mode de vie sacerdotal et le rôle des femmes. L’Assemblée synodale compte 230 membres et s’est réunie pour la première fois le 30 janvier. En raison du coronavirus, la deuxième Assemblée plénière sera remplacée par des conférences régionales, organisées du 3 au 5 septembre prochain.

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