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Facebook avance à petits pas dans son grand projet de cryptomonnaie
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À quelle montagne Facebook s’attaque-t-il avec le projet Libra ?
Le groupe américain entend développer, dans ce cadre, « une devise et une structure financière mondiales […] au service de milliards de personnes ».
Cet écosystème sera porté par une cryptomonnaie « stable, basée sur une blockchain open source […], garantie par une réserve d’actifs réels et régie par une association indépendante ».
La blockchain #Libra (Facebook) serait développée en open source sous licence Apache 2.0. Ce que ça signifie : le code sera librement disponible et auditable par tous, mais l’utilisation commerciale ne pourra être autorisée que par Facebook ?
— Grégory Raymond (@gregory_raymond) June 18, 2019
La blockchain en question utilise le langage de programmation Move, qui permet notamment de mettre en œuvre des smart contracts. Elle est issue des travaux d’une filiale de Facebook : Calibra, enregistrée début mai en Suisse.
Étalons fiduciaires
Pour donner à la cryptomonnaie une valeur intrinsèque et garantir sa stabilité, elle sera adossée à une réserve d’actifs réels « de faible volatilité ». Essentiellement des devises provenant de banques centrales… Sauf qu’on ignore, en l’état, desquelles il s’agira.
« Tout comme les consommateurs européens savent que le nombre d’euros qu’il leur faudra pour acheter un café aujourd’hui sera similaire au nombre d’euros qu’il leur faudra demain, les détenteurs de Libra peuvent également être sûrs que la valeur de leurs pièces aujourd’hui sera relativement stable dans le temps », résume Facebook.
Facebook a annoncé le lancement de sa monnaie : « S’il s’agit d’une monnaie souveraine, ça ne peut pas être le cas ! Une société privée ne peut ni ne doit créer une monnaie qui rentrerait en concurrence avec les monnaies des États », objecte @BrunoLeMaire #DirectAN #Libra pic.twitter.com/d8ewwCl6XV
— LCP (@LCP) June 18, 2019
La réserve proviendra d’une part des utilisateurs qui achèteront des Libras. Et de l’autre, d’investisseurs qui acquerront des « Investment Tokens ».
Ces jetons permettront de recevoir, à terme, des dividendes sur les intérêts générés par les « actifs à faible risque » dans lesquels sera investie la réserve.
Les Libras ne seront pas distribués directement aux utilisateurs. Ce sera le rôle de revendeurs autorisés qui s’associeront aux plates-formes d’échanges de cryptomonnaies.
Pour que de nouvelles pièces soient « frappées », les revendeurs devront verser le montant fiduciaire correspondant dans la réserve.
La taille de la réserve sera déterminée par la taille des soldes des utilisateurs. Autrement dit, l’écosystème pourra grandir ou rétrécir en fonction de la demande.
Une gouvernance évolutive
La gouvernance du projet est assurée par l’association Libra, organisation indépendante à but non lucratif basée à Genève.
Seule habilitée à créer et à détruire des Libras, elle a notamment pour mission d’harmoniser la feuille de route technique et les objectifs de développement du réseau.
Les entités qui souhaitent pouvoir opérer un nœud de validation sur ce réseau doivent remplir certains critères (de valorisation et de notoriété pour les entreprises privées par exemple). Elles doivent en outre investir au moins 10 millions de dollars dans des « Investment Tokens ».
Chacun de ces tickets donne droit à un vote* au conseil d’administration de l’association Libra. Pour éviter la concentration du pouvoir, un plafonnement a été mis en place : on peut détenir au maximum 1 % des voix (ou une voix si la part est supérieure à 1 %).
La répartition des voix* est amenée à évoluer progressivement pour refléter la part relative de Libra détenue par chaque nœud de validation ou déléguée à celui-ci.
Facebook « ne sera qu’un membre parmi d’autres et son rôle dans la gouvernance de l’association sera égal à celui de ses homologues ».
Les membres sont pour l’heure au nombre de 27. Parmi eux, des sociétés technologiques, des institutions académiques, des fonds d’investissement, des fournisseurs de services de paiement et des groupes télécoms dont Iliad.
L’objectif à moyen terme est de développer un consensus et une gouvernance sans permission permettant à quiconque d’agir en tant que nœud. La transition doit démarrer cinq ans après le lancement public du réseau.
Pour ceux qui ne l’ont pas encore compris…#Facebook ouvre en même temps sa propre banque globale #Calibra (en Suisse) et produit sa propre cryptomonnaie globale #Libra sous l’œil médusé de tous les dirigeants politiques qui n’ont rien compris à l’histoire.
— Olivier Rimmel ?️ (@OlivierRimmel) June 18, 2019
Vos papiers
L’association Libra se donne aussi pour but de développer et de promouvoir une norme d’identité numérique ouverte, « décentralisée et portable ».
En toile de fond, des promesses en matière de conformité : tous les comptes seront vérifiés à l’aide d’une pièce d’identité nationale. Les clients subiront par ailleurs un audit préalable proportionnellement à leur profil de risque.
Quand Facebook fait du Test & Learn sur un marché de quelques milliards de personnes. #Libra #lean
— Paul Desprairies (@PaulDesprairies) June 18, 2019
Quant à la protection des consommateurs, Facebook prend ses précautions. Les régulateurs « seront désireux d’échanger avec les développeurs des services proposés dans leurs juridictions ».
La communication est également soignée vis-à-vis des banques centrales. « Étant donné que la Libra sera international, l’association a décidé de ne pas développer sa propre politique monétaire, mais d’employer à la place les politiques des banques centrales représentées dans le panier [d’actifs réels] ».
Monnaie électronique #Facebook : on nous annonce déjà la mort des banques, tandis que le pouvoir de battre monnaie, privilège des Etats, finira dans les mains d’un grand groupe privé. C’est crier un peu vite au loup, explique @ChrisChavagneux https://t.co/lOepswIj0I #Libra pic.twitter.com/oWii1rOud1
— Alternatives Économiques (@AlterEco_) June 18, 2019
Des transactions vraiment privées ?
Facebook compte lancer, au 1er semestre 2020, un portefeuille numérique qui permettra de stocker des Libras. Il sera disponible sur les différentes plates-formes du réseau social, « en commençant par WhatsApp et Messenger, puis en tant qu’application autonome sur iOS et Android ». Facebook gérera les clés de sécurité pour le compte des utilisateurs.
Les frais de transaction, nous assure-t-on, seront « bon marché et transparents, notamment si vous envoyez de l’argent à l’étranger ».
Dans un premier temps, seront pris en charge les paiements entre particuliers et « quelques autres moyens de paiement, tels que des codes QR [pour] les petits commerces ».
Facebook espère offrir, « en temps voulu », des services supplémentaires. Les transports en commun et le règlement de factures sont données en exemple.
L’historique des transactions sera privé, affirme la multinationale. « Nous ne la communiquerons jamais publiquement », explique-t-elle, sans toutefois préciser dans quelle mesure les membres du réseau Libra pourraient y accéder.
Les engagements sur le volet confidentialité des données invitent plus globalement à lire entre les lignes.
Dans l’absolu, Calibra « ne partagera pas des informations de compte ou des données financières avec Facebook ou tout autre tiers sans l’accord du client ». Mais il y a des exceptions, entre autres pour « commercialiser les produits et services Calibra », mais aussi « faciliter et améliorer l’expérience ».
Just so we are clear, Libra is:
– not decentralized
– not censorship resistant
– not guaranteed to work technologically
– not guaranteed to be cleared by regulators
– not clear in regards to tax implications— Larry Cermak (@lawmaster) June 18, 2019
* Les décisions majeures concernant les politiques ou les choix techniques nécessiteront l’obtention de deux tiers des voix. Soit la majorité absolue que requiert le protocole de consensus sur lequel se fonde la blockchain Libra.
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