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Gérard Masson« Montrons que les athlètes handicapés existent et sont performants»

Gérard Masson« Montrons que les athlètes handicapés existent et sont performants»

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Gérard Masson« Montrons que les athlètes handicapés existent et sont performants»

En quoi les Jeux paralympiques peuvent-ils changer le regard que porte la société sur le handicap ?Il reste dans notre pays un regard spécifique sur le monde du handicap qui s’explique par notre éducation et notre philosophie. Les Jeux paralympiques peuvent changer cela. Par exemple, la Chine a opéré une transformation impressionnante avec les Jeux de Pékin en 2008. Avant leur tenue, les personnes handicapées étaient cachées, dissimulées. Leur situation a depuis évolué dans le bon sens. De même, à l’occasion des Jeux de 1992, Barcelone a entrepris une énorme transformation et est devenue ultra-accessible pour les personnes handicapées. Voilà une répercussion directe des Jeux paralympiques sur la vie quotidienne des personnes handicapées.Justement, Paris 2024 met l’accent sur une forte inclusion à tous les niveaux. Pensez-vous qu’ils peuvent marquer un tournant ?La candidature de Paris 2024 met en avant des idées très fortes. Un exemple : pour la première fois, une seule et unique équipe de France défilera et un seul logo représentera les deux Jeux. Ce choix symbolique marque la volonté de concrétiser et pérenniser les choses. La difficulté est de croire que tout est faisable immédiatement pour tout le monde. Il n’existe pas de solution miracle, des barrières resteront toujours en place mais l’essentiel est d’en faire tomber le plus possible sans être obsédé par la notion de « l’accessible pour tous ». Ce qui importe, c’est ce que l’on fera après les Jeux. La volonté d’Anne Hidalgo, la maire de Paris, et de Tony Estanguet, le président du comité d’organisation de Paris 2024, est de laisser un héritage durable sur l’inclusion des personnes handicapées.Celle-ci peut-elle progresser dans le monde du travail grâce aux Jeux ?Aujourd’hui, les athlètes paralympiques peuvent être des professionnels à temps complet. L’exemple de Marie-Amélie Le Fur (athlète handisport et octuple médaillée aux Jeux paralympiques, NDLR) est l’un des plus éloquents : elle travaille chez EDF et occupe le poste de présidente du comité paralympique et sportif français.Beaucoup de recruteurs hésitent cependant encore à embaucher des personnes handicapées. Un « Oui, mais… » accompagne souvent la réponse d’un employeur etlaisse entendre que les personnes atteintes d’un handicap s’intégrent difficilement au sein d’une équipe. Grâce aux Jeux, des images positives et moins stigmatisantes sur les athlètes sont véhiculées. Elles déconstruisent certains a priori et favorisent l’embauche.Cette évolution passe par la visibilité des Jeux paralympiques, notamment dans les médias. Où en sommes-nous ?Au départ, France Télévisions n’y croyait pas. Certains journalistes parlaient même des jeux du cirque ou de la piste aux étoiles. Un déclic a eu lieu lors des Jeux de 2012, à Londres, lorsque la chaîne de télévision anglaise Channel 4 les a intégralement retransmis. Aujourd’hui, le groupe France TV a sauté le pas mais ce fut un travail de longue haleine.Cette médiatisation a-t-elle un effet sur les inscriptions en sport adapté et/ou en handisport amateur ?Les Jeux sont sans doute inspirants mais on ne remarque pas de hausse significative du nombre de licenciés. En France, on compte au total environ 16 millions de sportifs licenciés, mais très peu de compétiteurs. Dans le sport adapté ou le handisport, c’est 100 000 licenciés mais dès qu’une personne en situation de handicap rejoint un club, elle se dirige vers la compétition. Les infrastructures sont adaptées pour elles mais de nombreuses contraintes freinent encore leur intégration dans des clubs, comme le transport ou les horaires. Pourtant, si le sport est un bienfait pour les valides, c’est une nécessité pour les personnes handicapées.Que reste-t-il encore à changer ?Beaucoup de choses mais ce qui est intéressant, c’est que le sport joue un rôle très positif pour l’intégration. Il ne faut pas en faire seulement une affaire de vedettes, il faut montrer que les athlètes handicapés existent et font de belles choses. C’est de cette manière qu’on arrivera à déconstruire l’idée que seules les personnes valides sont destinées à la performance. Je me souviens d’un moment très fort où un ami m’a dit, en parlant de jeunes dans un centre de rééducation « À partir du moment où Joël Jeannot (athlète paralympique multi-médaillé) deviendra leur modèle, à la place de Zinédine Zidane, on aura tout gagné. »


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