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l’Arizona, un État qui compte double

l’Arizona, un État qui compte double

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l’Arizona, un État qui compte double

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Habituellement, l’Arizona est un État plutôt discret. Situé loin de Washington, à la frontière mexicaine, entre la Californie et le Nouveau-Mexique, il n’apparaît sous les feux de l’actualité que lorsqu’il est question du mur. Ou lorsqu’un shérif local fait preuve d’excès de zèle contre les migrants.

Lors des élections présidentielles, l’Arizona – État accueillant de nombreux militaires et de nombreux retraités, donc traditionnellement républicain – laisse la vedette à la Floride ou à la Pennsylvanie. Il n’est pas un enjeu. Même Barack Obama y a subi des revers cuisants, vaincu à deux reprises avec plus de 10 points de retard sur son adversaire.

Un fief républicain en danger

Mais l’époque des certitudes semble révolue : le fief républicain a, en 2020, fait son entrée dans la danse des « swing states » – ces États incertains, et au final minoritaires, capables de voter démocrate ou républicain. Sentant qu’il avait le vent en poupe jusque dans le désert de Sonora, Joe Biden y a fait campagne, poussant Donald Trump à l’imiter pour défendre son territoire.

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« Cette année, nous allons faire tomber l’Arizona ! », se réjouit Gene, une petite quinquagénaire occupée à décorer sa voiture. Elle se prépare à parader dans les rues de Gilbert, en banlieue de Phoenix, pour Joe Biden. En temps de pandémie, il faut être créatif. Aussi c’est en voiture que Gene, salariée dans une PME de Phoenix, et les autres vont porter haut les couleurs du candidat démocrate, après avoir badigeonné leurs véhicules de slogans et scotché des pancartes portant son nom sur leurs vitres.

Pas de meeting, mais une parade automobile

Mais pour Gene et ses camarades de défilé – un rassemblement bon enfant d’une cinquantaine de voitures, plus une moto, accueilli par des klaxons et des pouces en l’air, mais aussi par des gestes moins amicaux, notamment lors d’une rencontre fortuite à un carrefour avec une parade pro-Trump… –, le but est plus ambitieux : il s’agit de faire coup double.

Car l’Arizona pourrait tomber deux fois le 3 novembre. Un scrutin, en effet, peut en cacher un autre : les habitants votent également ce jour-là pour élire leur sénateur. Gene a ainsi confectionné des panneaux à la gloire d’un astronaute. « Code : mission », peut-on y lire. On y voit la photo de Mark Kelly, crâne chauve, 56 ans, dont vingt-cinq passés à survoler la mer pour la Navy et à voir la terre d’en haut pour la Nasa. Il espère cette fois se poser au Sénat, sur les bancs démocrates. Il doit pour cela battre la sénatrice sortante, Martha McSally, une pilote de chasse de 54 ans.

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L’enjeu est de taille. Le décès de Ruth Bader Ginsburg (RBG), juge à la Cour suprême, à la mi-septembre en pleine campagne électorale, et la nomination au pas de course de sa remplaçante, Amy Coney Barrett, ont rappelé aux Américains, qui avaient les yeux rivés vers la Maison-Blanche, l’importance du Sénat. « Nommer la remplaçante de RBG sans attendre le résultat des élections… Ce qu’on fait les républicains est scandaleux », tonne Gene, dont l’énergie semble d’un coup démultipliée par le rappel de cet épisode.

Pour les démocrates, la conquête du Sénat passe par Phoenix

Doté du pouvoir de confirmer, ou non, les nominations des juges par le président, le Sénat contrôle l’entrée à la Cour suprême, si importante pour l’évolution de la société américaine : ses neuf sages ont le dernier mot sur les grands enjeux qui divisent les Américains, comme le port d’armes, l’avortement, l’immigration ou certaines questions de santé publiques.

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Un tiers des sénateurs remettent leurs sièges en jeu le 3 novembre. Et l’étroite majorité républicaine actuelle – 53 sièges contre 47 pour les démocrates – est en péril. Les démocrates ont besoin de ravir quatre sièges… à commencer par celui de Martha McSally. À la peine dans les sondages, celle-ci paie le prix d’un soutien sans état d’âme à Donald Trump et à sa politique. « C’est un handicap en 2020 en Arizona, explique Samara Klar, enseignante et chercheuse à l’université d’Arizona. Les républicains ici sont plus modérés que le parti dans son ensemble. Et ils sont très attachés à l’indépendance d’esprit. Martha McSally est en mauvaise posture. »

Présidentielle américaine : l’Arizona, un État qui compte double

L’Arizona, c’est la terre des cow-boys. La célèbre fusillade d’O.K. Corral a eu lieu au sud de Phoenix, à Tombstone, désormais un lieu touristique. En Arizona, on entretient la mystique de l’Ouest, célébrée dans les nombreux westerns tournés dans la région. À deux heures de route de la capitale de l’État, Sedona et ses pitons rocheux rouges s’enorgueillissent d’avoir accueilli plusieurs tournages de John Wayne et de James Stewart.

L’indépendance, une qualité prisée dans l’Ouest

Sur ces terres éloignées de la côte Est sophistiquée, le culte de l’individu n’est pas un vain mot. Le siège que se disputent Mark Kelly et Martha McSally a d’ailleurs été occupé pendant plus de trente ans par John McCain, un républicain à la réputation d’électron libre. Au nom d’une conception différente de la politique, l’ancien candidat à la présidentielle n’avait pas hésité à s’opposer frontalement à Donald Trump. Lors de ses funérailles, en 2018, sa famille avait fait savoir que le président et ses hommes n’étaient pas les bienvenus.

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À son décès, le siège vacant a été attribué par le gouverneur, comme le veulent les règles du jeu, et Martha McSally en a hérité. Mais elle a pris le contre-pied du défunt, en s’alignant sur le discours présidentiel. Elle a soutenu en particulier les efforts de la Maison-Blanche pour démanteler l’Obamacare, la réforme de la santé de Barack Obama, et la construction du mur à la frontière. La sénatrice tient d’ailleurs ses électeurs régulièrement informés des travaux en cours. Avec précision : « 600 kilomètres achevés, 340 km en cours, 250 km en préparation. 556 000 tonnes d’acier utilisées, 610 000 m3 de ciment », a-t-elle fait savoir il y a quelques jours sur les réseaux sociaux.

Une des élections sénatoriales les plus chères de l’Histoire

La probable défaite de Martha McSally désole Diana, une sexagénaire très engagée au sein du Parti républicain. Elle consacre trois jours par semaine à un travail de volontaire au sein de la campagne de la sénatrice. « On lui reproche d’être trop proche de Donald Trump, mais c’est très injuste, déplore-t-elle. D’abord parce que ça ne devrait pas être un problème. Ensuite parce que comme sénatrice, elle a aussi travaillé avec le camp d’en face ! »

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Betty, une retraitée qui accompagne Diana certains jours pour faire du porte-à-porte, acquiesce. « Nous avons besoin de gens comme elle au Sénat, c’est très important pour la Cour suprême, dit-elle. Pour lutter contre l’avortement, mais aussi pour la liberté religieuse. » Betty est membre de la Church of Christ, une Église évangélique. Et redoute un retour en force des démocrates.

Présidentielle américaine : l’Arizona, un État qui compte double

La Cour suprême américaine est-elle une institution politisée ?

Pourtant, les personnalités des deux candidats, et leurs prises de position – Mark Kelly a réussi à projeter l’image d’un démocrate modéré – n’expliquent pas tout de ce suspense inédit. L’Arizona est aussi touché pas des évolutions sociologiques profondes, qui pèsent lourd dans les urnes. « Il y a, dans cet État, de plus en plus d’Hispaniques, de plus en plus de gens diplômés, explique Samara Klar. Tous ces changements démographiques sont défavorables aux républicains. »

Signe que le combat est acharné, et l’enjeu important, plus de 165 millions de dollars ont déjà été dépensés. Rapporté au nombre d’habitants, cela fait du duel McSally-Kelly la deuxième élection sénatoriale la plus chère de l’histoire des États-Unis.

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Arizona, du rouge au violet

Capitale. Phoenix.

Population. 7,3 millions d’habitants (16e sur 50).

Superficie. 295 000 km2 (6e).

Démographie. Blancs (54 %), Noirs (5 %), Hispaniques (32 %), Indiens (5 %), Asiatique (4 %).

Nombre de grands électeurs. 11 (sur 538).

Adhésion aux États-Unis. 1912.

Pauvreté. 13,5 % de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Population sans assurance santé. 10,9 %.

Religion. Protestants évangéliques (26 %), protestants traditionnels (12 %), Églises protestantes noires (1 %), catholiques (21 %), autres chrétiens (7 %), autres religions (6 %), sans ou peu important (27 %).

Résultats des élections précédentes :

2016. Donald Trump (48 %) – Hillary Clinton (44,6 %).

2012. Mitt Romney (53,5 %) – Barack Obama (44,5 %).

2008. John McCain (53,4) – Barack Obama (44,9 %).

2004. George W. Bush (54,8 %) – John Kerry (44,3 %).

2000. George W. Bush (50,9 %) – Al Gore (44,7 %).

(Sources : US Census Bureau, Pew Research Center)

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