Le piano magique d’Hephzibah Menuhin

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Avant d’entrer dans l’art merveilleux d’Hephzibah Menuhin (1921-1981), un petit avertissement s’impose. Le florilège de concerts et d’enregistrements en studio que contient ce coffret ne peut prétendre à une qualité technique homogène et, parfois, déstabilisera l’oreille, tel le 1er Concerto de Brahms capté par la radio australienne en 1951, dont l’ambiance cotonneuse et le pleurage (déformation du son) laissent perplexe. Mais heureusement, cette impression s’évanouit à l’écoute de maintes plages magnifiées par le toucher lumineux de l’artiste.Quelle personnalité que cette Hephziba (« Désirée » en hébreu) Menuhin, cadette du génial violoniste Yehudi avec lequel elle forma un duo de rêve, tant leurs deux sensibilités se complétaient ! La petite fille qui ne peut trouver ses marques à l’école ; la jeune artiste surdouée ; l’épouse – à 17 ans – exilée en Australie où elle s’ouvre à l’engagement social et humanitaire ; la concertiste internationale et la femme de lettres, emportée à 60 ans par un cancer… Hephziba Menuhin vécut mille vies et dialogua avecBach, Mozart, Beethoven ou Schumann.« Partout, ce même sentiment d’aisance, de spontanéité, de fluidité et d’intelligence », écrit Bruno Monsaingeon, musicien et essayiste, qui a rassemblé et choisi les archives de ce bel hommage à une musicienne « capable de déferlements d’une puissance tellurique, aussi bien que d’infinies délicatesses ». Ce raffinement exulte, entre autres, dans le 12e Concerto de Mozart : la pianiste et l’orchestre de chambre de Moscou, sous la direction de Rudolf Barshai, rivalisent d’esprit et de charme, regardant vers le ciel d’azur, où s’aventurent quelques nuées mélancoliques. La définition même de la grâce !

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