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Le pouvoir et la comédie
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Grenelle de l’environnement, Ségur de la santé, Beauvau de la sécurité. Cette manie de désigner les grands raouts de la République en recourant à la toponymie parisienne ! À y regarder de près, c’est moins anecdotique qu’il n’y paraît. Cela dit quelque chose du centralisme à la française. Les grandes récapitulations, ça se passe dans la capitale ! Bien sûr, écouter toutes les parties prenantes afin d’aboutir collectivement à des solutions, c’est la noblesse de la politique. Mais ces dénominations un peu pompeuses servent-elles vraiment leur cause ? Au-delà du fait que certaines discussions nécessitent la discrétion, les mises en scène grandiloquentes génèrent souvent des déceptions. Il est loin le temps où, comme le préconisait Clemenceau, pour régler un problème, il suffisait de créer une commission. Aujourd’hui, c’est plutôt l’inverse. Voyez la Convention climat, censée solder la crise des gilets jaunes. À l’arrivée, on se demande si elle n’a pas suscité davantage de mécontents. Voyez cette commission d’experts à laquelle Jean Castex avait prévu de confier la réécriture de l’article 24 de la loi « sécurité globale ». Bien loin de calmer le jeu, elle a fâché les parlementaires. Les comités Théodule font partie de ces solutions toutes faites auxquelles recourt le marketing politique, dans le feu de l’action ou la panique. Les rugbymen, qui appellent cela botter en touche, savent que le ballon, tel un boomerang, vous revient parfois à la figure.→ EXPLICATION. De la loi sécurité globale à celle contre le séparatisme, vers un recyclage de l’article 24 ?C’est coquet. Ou malin. Ou les deux à la fois. « Peut-être que je ne pourrai pas être candidat. » Emmanuel Macron s’est-il laissé aller, l’autre jour, face aux journalistes du média en ligne Brut ? Lui, ne pas se représenter ? Qu’il imagine un tel scénario pour 2022 n’a rien de très surprenant en soi. Il est bien placé pour savoir qu’un autre président avant lui a été empêché. Mais pourquoi en parler ouvertement devant les caméras ? Est-ce pour conjurer le sort ? Pour se faire désirer ? Pour témoigner de sa lucidité ? Spontanée ou calculée, cette déclaration est à ranger dans le grand livre de la comédie du pouvoir, au même chapitre que les classiques « Je suis à ma tâche » ou « Rien ne me fera dévier de la mission que m’ont confiée les Français. » Mimer le désintérêt et le détachement, cela fait partie du jeu de la séduction en période préélectorale. Néanmoins, sur le fond, le président n’a pas tort. L’hypothèse qu’il formule est tout à fait envisageable.→ LES FAITS. Discriminations, violences policières… Ce qu’a dit Emmanuel Macron sur BrutCar c’est une règle quasi intangible sous la Ve République : hors cohabitation, les présidents ne sont pas réélus. Chez nous, pas de prime au sortant, mais au contraire un avantage au challenger. Vu sous cet angle, la victoire d’Emmanuel Macron en 2017 n’est pas aussi incongrue qu’il y paraît. Sa réélection, en revanche, tiendrait de l’exploit. La versatilité et l’ingratitude des Français, Valéry Giscard d’Estaing en a fait les frais en 1981. À l’époque, il en a conçu de l’amertume. On peine pourtant à en trouver trace dans la très belle interview enregistrée en 2010 sur Europe 1 et rediffusée la semaine dernière à l’occasion de sa mort (1). L’ancien président y évoque sa défaite avec humour et détachement. Il se livre à une autocritique, qui peut servir de leçon à tous ses successeurs : « J’aurais dû voir que la réélection, c’était difficile, parce que les gens qui se présentent croient qu’on les jugera sur ce qu’ils ont fait. Mais non, ils vous élisent sur ce qui va être fait. » La dramaturgie de la présidentielle, mais aussi notre romantisme révolutionnaire – ah, ce rêve quinquennal de grand soir ! – exigent de réactiver la machine à promesses. L’ignorer, pour le président sortant, c’est risquer de finir parmi les « Perdants magnifiques » (2).
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