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Les objets de piété à Lourdes, une affaire de famille

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Les objets de piété à Lourdes, une affaire de famille

Perchée sur le balcon de son bureau, à l’étage de son magasin de souvenirs, Claudine Aubert admire la vue plongeante sur le sanctuaire de Lourdes : « Avoir la vue sur le sanctuaire au quotidien est magique. » Présidente des commerçants d’objets de piété de la ville, elle est propriétaire du magasin Padre Pio, boulevard de la Grotte, à deux pas de la porte Saint-Michel du sanctuaire.→ REPORTAGE. Pèlerinage national : convalescente, Lourdes retrouve « ses » maladesUne ancienne pension de famille, construite en vitesse après les apparitions par la tante de Bernadette Soubirous pour héberger les premiers pèlerins. Comme le reste du boulevard où, dans les années 1860, ces pensions poussent en grappe le long de la route qui relie le bourg de Lourdes au lieu des apparitions.Une affaire de familleAu-dessus du magasin de Claudine, des escaliers étroits en colimaçon desservant des petites chambres témoignent du passé hôtelier de la bâtisse. Celles-ci servent aujourd’hui de pièces de stockage pour le magasin de souvenirs, qu’elle a hérité de ses parents. « Les commerçants d’objets de piété ont reçu beaucoup de critiques, mais les gens oublient que la plupart de ces magasins sont des affaires de famille. »Celle de Padre Pio a commencé dans les années 1970, et fleure bon roudoudous et berlingots. À l’époque, les parents de Claudine tiennent un stand de crème glacée juste en face du local, un bureau d’excursion. « Nous étions des forains sédentaires, explique la commerçante en montrant une photo jaunie de ses parents au-dessus de son bureau. L’hiver mon père et ma mère vendaient des marrons, l’été des glaces, comme mes grands-parents avant eux. » Mais à la naissance de Claudine et de sa sœur, le couple cherche à s’installer dans un local. Il rêve de racheter le bureau d’excursion d’en face, ni trop petit, ni trop grand, pour y vendre des glaces.→ ENQUÊTE. Le renouveau de la piété populaireQuand le bâtiment est mis en vente, les parents de Claudine parviennent à le racheter. Ils vendent des glaces : on leur demande des médailles. Des chapelets. Des icônes. Petit à petit, le glacier devient magasin d’objets religieux, dans la tradition des bancs de la grotte, ancêtre des commerces d’objets de piété mis en place par la mairie de Lourdes au début du XXe siècle.« Peu après les apparitions, des paysannes lourdaises venaient alpaguer les pèlerins à la sortie de la messe pour leur vendre des cierges. C’était l’anarchie, ça donnait une mauvaise image de Lourdes aux Parisiens et Bordelais en pèlerinage. » La municipalité installe alors 64 bancs de la grotte, petites enseignes où s’installent les marchandes de cierge. Au fil des années, ils se sont transformés en magasins, dont les néons publicitaires sont un des symboles de la cité mariale.« Sans les aides de l’État, ça serait l’hécatombe »Comme la plupart des magasins d’objets de piété, l’affaire se transmet de génération en génération. Claudine rêvait d’être hôtesse de l’air pour voyager autour du monde. Ses parents en ont décidé autrement, refusant de vendre leur commerce. « J’en ai pleuré quand j’ai repris Padre Pio, raconte-t-elle. Mais j’ai compensé cette déception en me donnant à fond dans mon boulot, dans les échanges avec les gens. »Comme le sanctuaire et la ville qui l’abrite, sa boutique évolue au gré des époques. Créative, Claudine crée des bijoux, commande des chapelets faits main en Europe, invente de nouvelles gammes. « Les statues, ce ne sont pas que des rangées d’objets, c’est de l’art. Le Made in China, c’est fini ! Tout le monde ici ne pense pas comme moi, mais c’est en train de changer ! »Aujourd’hui, Claudine ne passe pas son temps dans les avions. Mais elle voyage tous les jours, grâce aux nombreux pèlerins étrangers qui passent par son magasin. « Enfin ça, c’était avant le Covid. On a surtout des Français en ce moment. » Malgré une reprise des pèlerinages depuis juin, les visiteurs venus d’ailleurs sont rares. « Les Italiens surtout nous manquent… et c’est réciproque ! »Claudine dans son magasin d’objets de piété, à Lourdes, une affaire familiale. / DR Si les magasins d’objets de piété ont réussi à s’en sortir financièrement, c’est uniquement grâce aux aides de l’État, qu’ils ont réussi à percevoir au même titre que les restaurants et les hôtels. « Sans les aides, ça serait l’hécatombe, assure la commerçante. Je parlais à l’instant avec une grossiste qui me disait que si les aides s’arrêtent, elle perdra tout, y compris sa maison. »Lorsque Emmanuel Macron et Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État chargé du tourisme, se sont rendus à Lourdes le 16 juillet, Claudine les a interpellés : « S’il vous plaît, accompagnez-nous jusqu’à Pâques ! »


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