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Lumières du Nord

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« L’heure bleue de Peder Severin Kroyer »Au Musée Marmottan-Monet, à Paris (1)Marie Kroyer et son amie profitent de la douceur d’un soir d’été pour flâner sur la plage. Le soleil vient de s’évanouir à l’horizon et la nuit n’est pas encore tombée. La magie de l’« heure bleue » opère : le ciel et la mer se fondent dans une même teinte pure, presque violine, et une subtile lumière dorée rosit les robes de mousseline blanche et les nuques des deux jeunes femmes.Elles ont la vie devant elles, semble suggérer le long chemin qui s’étire le long du rivage. Ce tableau, intitulé Soirée calme sur la plage de Skagen, est sans doute le plus connu – et le plus beau – de Peder Severin Kroyer (1851-1909). Il a été peint en 1893 sur cette presqu’île de l’extrême nord du Danemark, où s’était établie une colonie d’artistes, de musiciens et de poètes, attirés dans ce village de pêcheurs par l’authenticité des paysages et les crépuscules sans fin des latitudes septentrionales. Peder Severin Kroyer y passait ses étés, avant de rejoindre Copenhague l’hiver pour enseigner et réaliser des tableaux de commande, portraits officiels de notables et de leurs sages fillettes en robes à smocks.Organisée dans le sillage de « L’âge d’or de la peinture danoise », qui a rassemblé cet hiver au Petit Palais les peintres de la génération précédente (Eckersberg, Kobke, Hansen), la rétrospective du Musée Marmottan-Monet rend compte de cette dualité : on y découvre d’un côté le peintre académique, récompensé dans les Salons, à la touche un peu figée, et de l’autre le chroniqueur sensible du quotidien et le paysagiste virtuose, jouant avec les mille et une nuances du ciel et de la mer.Dans une esquisse touchante, une fillette boude, le bidon en avant. La composition finale, malheureusement restée à Copenhague, révèle le motif de son mécontentement : elle regarde jouer dans l’eau une bande de garçons qu’elle n’a sans doute pas le droit de rejoindre. Plus loin, Kroyer saisit des plaisirs éphémères : la pause des pêcheurs allongés sur le sable, son épouse Marie lisant à l’ombre d’un rosier blanc, une discussion entre villageois devant une maison en torchis, un toast entre amis au milieu d’un jardin.Si le peintre danois flirte avec l’impressionnisme, dont il a vu les audaces lors de ses nombreux voyages à Paris, il n’en adoptera jamais la touche libre débordant du motif. Il prend goût à la peinture en plein air (une amusante photographie le montre installé sur la plage avec son chevalet et son parasol) mais ses jeux de lumière, ses ombres colorées, font plutôt penser à son contemporain Joaquin Sorolla. Il partage l’humanisme du peintre naturaliste espagnol et s’appliquera à rendre l’effort des classes laborieuses, dont ces pêcheurs hissant la voile ou tirant les filets hors de l’eau. Mais il abandonnera ces thématiques pour se concentrer sur les atmosphères et les joies simples de la vie. À l’image du sourire béat du garçonnet nu goûtant la fraîcheur de l’eau.


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