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Quatre ans après, l’affaire Giulio Regeni reste un traumatisme en Italie
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Le long de la Via Salaria, à Rome, le dessin mural n’était pas du goût de l’ambassade d’Égypte voisine, et il a d’ailleurs disparu. Giulio Regeni y tenait dans ses bras un autre étudiant arrêté lui aussi en Égypte, Patrick George Zaki, avec cette promesse : « Tout ira bien cette fois ». Depuis que le corps de l’universitaire Giulio Regeni a été retrouvé en février 2016, torturé et sans vie, la vague d’indignation contre les autorités égyptiennes, qui n’ont jamais voulu faire la lumière sur l’affaire, ne s’est jamais tarie. Le combat des parents de Giulio Regeni tué en ÉgypteAussi, quand Patrick George Zaki, inscrit à l’université de Bologne, a été arrêté à son tour en février, l’Italie a repris le chemin des manifestations hebdomadaires pour demander sa libération. Les deux étudiants ont en commun de travailler sur des thématiques qui dérangent le régime : Giulio Regeni sur le syndicalisme en Égypte, et Patrick George Zaki sur les droits humains.Les Italiens ont été profondément marquésFlorinda a fréquenté le lycée Petrarca de Trieste, dans le nord-est du pays, le même que Giulio Regeni. Elle se souvient de l’émotion quand son corps a été retrouvé dans un fossé des faubourgs du Caire en 2016. « Les élèves et les professeurs pleuraient, c’était très lourd » , se souvient-elle. Une banderole jaune avait été installée sur le fronton de la mairie de Trieste. Aujourd’hui encore, il reste une centaine de bannières partout dans le pays. « Personne n’était préparé à l’ampleur prise par cette affaire », raconte un ancien de l’ambassade de France à Rome. « Elle aurait pu rester un fait divers mais les Italiens ont été profondément marqués. »→ ENTRETIEN. Après la décoration de Sissi, Corrado Augias rend sa Légion d’honneur : « Je n’avais pas d’autre choix »Dans la péninsule, la décoration du président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi par Emmanuel Macron le 7 décembre de la légion d’honneur n’est donc pas passée inaperçue. Le journaliste Corrado Augias et des intellectuels de gauche tels que Giovanna Melandri ont rendu leur médaille. « Entre Rome et Le Caire, c’est un conflit qui dure », souligne Marc Lazar, spécialiste de l’Italie. « Quelle que soit la couleur politique des quatre gouvernements qui se sont succédé, tous ont demandé des explications aux autorités égyptiennes. » Ces dernières semaines, l’idée circulait de rappeler l’ambassadeur en Égypte en rétorsion au silence du régime, d’autant que le procureur en charge de l’affaire a annoncé le 10 décembre avoir réuni suffisamment de preuves pour inculper, par contumace, quatre officiels égyptiens. Des échanges commerciaux toujours prospèresPrès de cinq ans après, la pression ne faiblit pas et les proches de Giulio Regeni espèrent même donner un nouveau coup de collier à la campagne dès janvier. La semaine dernière, le célèbre journaliste Roberto Saviano interpellait encore les autorités sur le plateau de l’une des émissions les plus suivies de la télévision italienne, « Che tempo che fa » : « Al-Sissi maintient un chantage sur cette histoire. Elle ne concerne pas seulement une famille qui souffre mais tout le pays, toute la démocratie ». Le lendemain, la présentatrice du journal de 20 heures de la Rai Uno portait le bracelet jaune au poignet, symbole du mouvement « Verità per Giulio Regeni ». → EXPLICATION. Avec le président al-Sissi, la légion d’honneur au service de la diplomatieL’émotion n’a pourtant pas empêché les échanges commerciaux avec l’Égypte de prospérer. Le premier ministre Giuseppe Conte a approuvé, en 2020, la vente de deux frégates de Fincantieri. « C’est un cas d’école qui illustre la difficile conciliation entre l’indignation justifiée d’un côté, et les affaires de l’autre », reconnaît Marc Lazar. « La realpolitik prime. »
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