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Saint Joseph, un modèle de confiance

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Saint Joseph, un modèle de confiance

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Saint Joseph est l’homme du silence. Pas une parole de lui dans les Évangiles. Et pourtant, il « parle » au plus grand nombre : patron des travailleurs, modèle de paternité, il donne son nom à des écoles, des paroisses, des congrégations religieuses, quand ce ne sont pas des générations, de père en fils, qui portent son prénom. Figure spirituelle parfois oubliée, saint Joseph est cet « homme juste » dont parle l’Évangile, auprès duquel nous pouvons trouver courage et réconfort.Si le pape François invite à consacrer cette année 2021 à la découverte de saint Joseph, c’est en vertu de son humilité, de sa discrétion, de sa confiance, qui font de lui un appui fraternel, un recours paternel, un soutien spirituel : « Nous pouvons tous trouver en saint Joseph l’homme qui passe inaperçu, l’homme de la présence quotidienne, discrète et cachée, un intercesseur, un soutien et un guide dans les moments de difficultés, écrit le pape François dans sa lettre apostolique Patris corde (« Avec un cœur de père »), parue le 8 décembre 2020. Saint Joseph nous rappelle que tous ceux qui, apparemment, sont cachés ou en ­“deuxième ligne” jouent un rôle inégalé dans l’histoire du salut. » Ce qui est dit de Marie s’applique à Joseph, quand l’Évangile rapporte que Marie « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Lc 2, 19). Joseph, modèle de vie intérieure. Joseph, un père qui aide à traverser les temps troublés.Avant d’être père, Joseph est fils. Il s’inscrit dans une lignée que l’évangéliste Matthieu reconstitue dès le premier chapitre. Joseph, héritier d’une longue lignée de prophètes, vient clore l’Ancien Testament. Descendant d’Abraham, de Jacob et de David, il transmet à Jésus une généalogie, celle de l’attente du Christ. Encore aujourd’hui, Joseph nous fait entrer dans une histoire sainte. Mais ce n’est pas à lui qu’il attire : « Joseph a su aimer de manière extraordinairement libre. Il ne s’est jamais mis au centre. Il a su se décentrer, mettre au centre de sa vie Marie et Jésus », explique le pape François.Plus encore : « Saint Joseph est le patron de la vie cachée », a écrit Claudel. Le père du Verbe n’a rien à dire. Mais il est intensément présent. À l’écoute de Marie, et de l’ange qui l’avertit en songe, à plusieurs reprises. Joseph est « branché » sur les événements de son existence mouvementée, prêt à accepter, à consentir à la réalité. « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre Marie chez toi », lui murmure l’ange (Mt 1, 20). En songe encore, l’ange du Seigneur enjoint à Joseph de fuir en Égypte. « Il nous enseigne que, dans les tempêtes de la vie, nous ne devons pas craindre de laisser à Dieu le gouvernail de notre bateau. Parfois, nous voudrions tout contrôler, mais lui regarde toujours plus loin », insiste le pape François.« Joseph a laissé l’imprévu de Dieu entrer dans sa vie, il s’inscrit dans le plan de Dieu », confie frère Noël-Marie Rath, prêtre des Servites de Marie et auteur de Vivre du Christ avec saint Joseph (1). Le père de Jésus est encore là quand le fils, à 12 ans, s’enfuit au Temple : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! », s’exclame Marie (Lc 2, 48). Avoir le fils de Dieu à la maison n’est pas vraiment tranquille. « Jésus ne leur permet pas de repos : il ne vient au monde que pour les troubler », constate Bossuet. Les familles se reconnaissent : « Il n’existe pas de vie qui ne soit assaillie de nombreux dangers, de tentations, de faiblesses et de chutes, écrivait Paul VI en 1968. Joseph, silencieux et bon, fidèle, doux, fort et invaincu, nous apprend ce que nous devons faire. »Nous aimons aussi évoquer Jésus, sage apprenti sur l’établi de son père charpentier. À la naissance de son fils, Aurélien Clappe s’est tourné vers saint Joseph : « Je l’imaginais comme un père aimant, tendre, qui transmet son savoir et son savoir-faire à Jésus son fils. Charpentier, ce n’est pas rien, il faut avoir le sens de la mesure, de l’équilibre. » Documentaliste à Lyon, Aurélien Clappe reconstitue cette relation dans son roman (2) : « Écrire, c’était comme écouter une petite voix qui sortait du brouillard. » Et une découverte : « Dans les tableaux, on voit l’Enfant-Jésus qui porte la lumière : nous avons tellement de choses à recevoir de nos enfants. » Avec son fils Théo, 9 ans, l’écrivain apprend à être « pleinement dans ce que nous faisons ». Détenteur du mystère de l’incarnation, Joseph s’efface pour se mettre à la suite de Jésus : « En fait, il est davantage un père adopté qu’un père adoptif », remarque frère Noël-Marie.Saint discret, Joseph est désigné comme « serviteur du salut » par Jean-Paul II. À la demande de François et depuis 2013, il est nommé pendant les prières eucharistiques juste après Marie et avant les apôtres. Et c’est à l’occasion du 150e anniversaire de la déclaration de saint Joseph comme patron de l’Église universelle que le pape a publié sa lettre apostolique. Maître spirituel fêté le 19 mars, saint Joseph est aussi patron des travailleurs célébré le 1er mai. Deux fêtes pour un seul et même enseignement, visant à unifier prière et travail : « Nous adresser à saint Joseph dans nos fonctions et dans nos charges, et lui demander instamment sa conduite, non seulement pour l’intérieur, mais encore pour l’extérieur », résumait le jésuite Louis Lallemant (1588-1635). Noble activité que peut être le travail, et l’artisan de Nazareth en est une belle icône.Mais le pape François attire l’attention sur les enjeux d’aujourd’hui : « À notre époque où le travail semble représenter de nouveau une urgente question sociale et où le chômage atteint parfois des niveaux impressionnants, y compris dans les nations où pendant des décennies on a vécu un certain bien-être, il est nécessaire de comprendre, avec une conscience renouvelée, la signification du travail qui donne la dignité et dont notre saint est le patron exemplaire. » Le travail de Joseph vient éclairer notre lien avec le concret de l’existence : « Joseph a les pieds bien sur terre, et les outils en main, mais il y a un sens au travail manuel, il participe à la création, il domine la nature sans la piller, explique frère Noël-Marie Rath. Nous sommes interdépendants de notre environnement. »« Saint Joseph ne cherche pas de raccourcis mais affronte “les yeux ouverts” ce qui lui arrive en assumant personnellement la responsabilité », confie encore le pape François, qui propose de méditer l’exemple de saint Joseph en cette période de pandémie. Un appel autant qu’une prière, pour faire face à l’épreuve : « Son silence persistant ne contient pas de plaintes mais toujours des gestes concrets de confiance. »

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