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Violences policières, le gouvernement en porte-à-faux

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Violences policières, le gouvernement en porte-à-faux

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Des images de violences policières d’une brutalité insoutenable qui envahissent les réseaux sociaux. Et ce, après des semaines de débat sur une loi valant au gouvernement des accusations de dérive liberticide et sécuritaire. Incroyable télescopage, qui ébranle le pouvoir depuis deux jours.La vidéo de l’interpellation ultra-violente d’un producteur de musique, Michel Zecler, dans son studio du XVIIe arrondissement de Paris, diffusée par Loopsider jeudi 26 novembre, a saisi d’effroi l’opinion et jusqu’au plus haut sommet de l’État. Le lendemain soir, elle avait déjà été visionnée 13 millions de fois.→ LES FAITS. Ce que l’on sait du passage à tabac de Michel Zecler par des policiersL’Élysée a fait savoir qu’Emmanuel Macron était « très choqué » de ces images, qui montrent le passage à tabac d’un homme par des policiers pendant de longues minutes. Quatre policiers ont été suspendus à la demande expresse du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, qui a promis leur révocation de la police nationale. Ils ont été placés en garde à vue, vendredi 27 novembre.Une commission pour faire baisser la pressionFace à cette émotion et à ces images sans ambiguïté, même un député LREM, fervent défenseur de la loi « sécurité globale », le reconnaît : « On n’est plus audibles ».C’est sans doute pour se rendre audible à nouveau que Gérald Darmanin s’est propulsé, jeudi soir, au 20 heures de France 2. Forcément interpellé sur cette loi dénoncée depuis des semaines par les journalistes et les défenseurs des droits humains, le ministre réplique par la création d’une commission, suggérée avec succès au premier ministre, Jean Castex. Elle sera chargée de réécrire l’article 24 du texte, disposition controversée qui crée un délit de diffusion malveillante d’images de policiers.Cette commission aurait dû rassurer les détracteurs de la proposition de loi « sécurité globale », d’autant que la présidence en a été confiée à Jean-Marie Burguburu, président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme. Ce dernier vient en effet de publier un avis extrêmement défavorable au texte. Mais en prenant cette décision, alors que la loi doit encore être examinée par le Sénat, puis en deuxième lecture par l’Assemblée, le gouvernement s’est surtout mis à dos le parlement.Des députés furieux, le gouvernement « fébrile »« Un camouflet », « une connerie », « un comité Théodule »… La décision a fait l’effet d’une douche froide aux députés, qui ont appris la nouvelle par une dépêche de l’Agence France-Presse. « Cet article, on l’a quand même voté ! Et après en avoir débattu pendant cinq heures !, s’exaspère une parlementaire. À ce compte-là, on n’a qu’à dire que des comités d’experts écrivent les lois et qu’on les fait voter par des conventions citoyennes ! »Les figures de la majorité ont fait entendre leurs voix. Le chef des députés LREM, Christophe Castaner, a « fait part au premier ministre de (son) étonnement », et demandé que la lettre de mission de la commission soit présentée aux parlementaires. Le président de l’Assemblée, Richard Ferrand, a décroché son téléphone pour faire part de sa « vive émotion » et de son « opposition » à Jean Castex, avant de lui écrire : « Le gouvernement peut à loisir consulter des comités d’experts. Toutefois, nous sommes convenus que ceux-ci ne sauraient se substituer au travail des parlementaires. » Le président (LR) du Sénat, Gérard Larcher, s’est joint au concert de protestations, demandant au premier ministre de « renoncer » à cette commission « en totale contradiction avec les droits du Parlement ».Les députés, eux-mêmes secoués par les images, le concèdent : l’actualité vient « percuter de plein fouet » l’examen d’un texte qui vise à protéger les forces de l’ordre. Et voient d’ailleurs dans la création de cette commission le signe de la « fébrilité » du gouvernement, au point de se demander si son intention n’est pas tout simplement d’abandonner l’article 24. « Quand on veut enterrer quelque chose, on crée une commission », soupire, désabusé, un député LREM.Darmanin auditionné lundi sur les violences policièresGérald Darmanin va, en tout cas, devoir s’expliquer ces prochains jours. Une réunion avec les membres LREM de la commission des lois était prévue dès ce vendredi après-midi, avant son audition sur les violences policières, lundi 30 novembre, devant la commission au complet. Puis sa participation à une réunion extraordinaire du groupe LREM, mardi. D’ici là, Beauvau tente de déminer : « L’idée n’est pas du tout de se substituer au travail des parlementaires. C’est dans une volonté d’apaisement que le premier ministre a annoncé cette commission. »→ EXPLICATION. Faut-il réformer l’IGPN, la « police des polices » ?L’apaisement tardant, Matignon a semblé se raviser, vendredi, en annonçant que la commission ne serait finalement « pas chargée de réécrire l’article 24 »… L’ambiance oscille donc entre crise politique et navigation à vue. Et des députés s’inquiètent déjà de voir arriver d’autres textes prêtant à controverse, à commencer par la loi sur le « séparatisme », début décembre.

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