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L’hommage à une travailleuse sociale engagée

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L’hommage à une travailleuse sociale engagée

Marina Fuseau. / Majid Bouzzit/Charente Libre/MaxPPP Le temps n’a pas effacé le sentiment d’injustice : Colette Fuseau l’éprouve toujours quatre ans après le décès de sa fille, Marina. Le 28 octobre 2017, cette éducatrice spécialisée a été tuée par l’une des pensionnaires de la résidence Cécile et Marie-Anne, à Poitiers (Vienne), foyer d’accueil pour des jeunes femmes en difficulté. Jugée irresponsable pénalement, la résidente n’a jamais répondu de ses actes devant une cour d’assises. Lundi 23 août, une stèle à sa mémoire sera dévoilée sur le site de la communauté de Salvert, à laquelle le foyer est rattaché. Un geste symbolique « pour la reconnaissance du travail de notre fille », dans un lieu symbolique où « elle se rendait souvent pour se ressourcer, parler avec les religieuses ou se balader avec les résidentes », rapporte sa mère. « On essaie d’avancer. J’espère qu’un jour, nous serons apaisés. »« Le jour de son décès était un jour de marché », se rappelle Pierre Boutin, président de l’association qui gère la résidence. Ce samedi-là, Marina Fuseau prend son service tôt dans la matinée, seule. La résidente lui porte alors plusieurs coups de couteau. Deux jours avant, cette jeune mère d’une vingtaine d’années s’était vu retirer la garde de son fils, événement déclencheur de son geste. « Pourquoi Marina était-elle seule ce jour-là ? », se demande encore sa mère. Son métier, « c’était sa vocation ». À l’écoute et joyeuse, Marina lui partageait souvent ses réflexions, sans jamais exprimer d’inquiétude ou de peur, ni nier la difficulté du métier. « En tant que parent, on avait peur oui. Les travailleurs sociaux sont les derniers maillons de la chaîne, ce sont eux qui reçoivent la misère et les coups. » Deux ans après le drame, à la réouverture de la structure, des changements d’organisation de l’espace, des effectifs et emplois du temps ont été revus, pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise.« Reprendre les déchirures humaines », c’est ainsi que Pierre Boutin envisage le travail effectué au sein du foyer. « C’est un métier extrêmement délicat, qui nécessite de désamorcer les situations, et où le pire n’est jamais sûr. » Souvent, la violence s’exprime par les mots, par des menaces, « mais entre les mots et les passages à l’acte, il y a un fossé ».Au-delà des assassinats de travailleurs sociaux, qu’aucun organisme ne recense, « il y a toute une série d’actes agressifs dont ils peuvent être victimes », estime Marcel Jaeger, président de l’Union nationale des acteurs de formation et de recherche en intervention sociale. En cause, le profil des personnes prises en charge, « parfois porteuses de troubles psychiques importants qui peuvent déclencher des situations de violence », ou le contexte dans lequel les accompagnements s’effectuent, le travail social s’apparentant de plus en plus à un guichet d’accès aux droits pour des personnes en situation de précarité. Le manque d’études participe à ce que « le phénomène soit mal connu et sous-estimé », considère Marcel Jaeger.Un des signes du manque de reconnaissance de ces métiers qui sont, par nature, des « métiers de l’ombre, qui peuvent difficilement s’exposer sans trahir le cœur de l’acte », relève Emmanuel Gasselin, déjà engagé dans la communauté de Salvert à l’époque du décès de Marina Fuseau : « C’est un travail de l’intime, dont la réussite repose en partie sur la qualité de la relation établie avec les personnes accompagnées. » Ce lundi, la cérémonie représente, pour tous ces acteurs, une reconnaissance du métier de Marina Fuseau, qui est aussi celui de près de 1,2 million de personnes. Sur la stèle, ses parents ont choisi d’y graver une citation de Paul Zumthor, poète suisse : « Le don est échange de vie et la vie échange de don. »


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