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L’univers inquiétant de Bilal en résonance
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Côte à côte, Le Sommeil du monstre, œuvre à l’acrylique, au pastel gras, au crayon et à l’encre de Chine, et Le Chevalier, la Mort et le Diable, la célèbre gravure d’Albrecht Dürer. Deux visions du monde angoissantes, graves et philosophiques qui entrent en résonance. Dès les premiers pas dans l’exposition Enki Bilal, l’influence des grands maîtres sur le dessinateur de bande dessinée de 68 ans prédomine : des œuvres originales de Goya, de Bourdelle ou du photographe américain Joel Peter Witkin alternent avec des cases de l’auteur de Partie de chasse (1983).
« J’ai voulu mettre son œuvre en rapport avec l’histoire de l’humanité », explique Serge Lemoine, commissaire de l’exposition, qui avait déjà coréalisé l’exposition « Enki Bilal. Animal’z », en 2009, à la maison de vente Artcurial, à Paris. Cette fois, c’est tout l’univers sombre de Bilal, dessins, peintures et films, qui se découvre. «Je ne voulais pas que ce soit une rétrospective, avertit l’artiste. L’exposition montre les thèmes de mon travail, à travers la variété des techniques que j’ai utilisées. J’ai failli arrêter la bande dessinée à la fin de Froid Équateur (1992), épuisé par la répétition des gestes.Quand j’ai trouvé la technique du “case par case”, qui collait parfaitement à l’urgence de mon album Le Sommeil du monstre (1998), sur l’éclatement de mon pays d’origine, la Yougoslavie, j’ai repris goût à l’écriture. »
Ce procédé, consistant à peindre les cases une à une, sans encrage et sans texte, puis à les monter comme un film grâce à l’ordinateur, a éloigné Enki Bilal du travail par planche, qu’il jugeait « stakhanoviste ».
C’est toute la palette d’un créateur touche-à-tout, réalisateur de films, dessinateur de décors de cinéma et d’opéra, que Serge Lemoine a voulu montrer, frustrant un peu les amateurs du 9e art qui n’y trouveront guère de crayonnés de planches en devenir. Reste que la mise en perspective entre certains extraits d’œuvres cinématographiques et l’imaginaire de l’auteur de la Trilogie Nikopol (1980-1992) fonctionne particulièrement bien : Metropolis de Fritz Lang, Requiem pour un massacre d’Elem Klimov ou Blade Runner de Ridley Scott.
Moins convaincante, une installation inédite, dans une salle plongée dans l’obscurité, rend hommage à Picasso, avec une réinterprétation de certaines figures de Guernica. Si la guerre et la mort sont bien là, l’alchimie entre les deux styles, cubiste et figuratif, ne prend pas.
La violence fait pourtant partie intégrante de l’œuvre pessimiste d’Enki Bilal, persuadé que « l’Occident court à sa perte ». « Je suis très préoccupé par la communautarisation, par l’incapacité à créer des espaces de réflexion et de discussion », déplore-t-il avant d’appeler la jeune génération à prendre son avenir en main.
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