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« Tout jeune chrétien a le devoir d’utiliser ses talents »
Romy Niaba
Consultante en sûreté et gestion de crise et membre de la Compagnie des laveurs de pieds de Montmartre
«J’ai connu la Compagnie des laveurs de pieds lorsque j’étudiais à Londres, par le biais d’une amie qui en était membre. À mon arrivée à Paris, je ne voulais pas rester inerte. J’aspirais à vivre activement ma foi catholique, et me mettre au service des autres. J’ai alors décidé de rejoindre le groupe, il y a trois ans maintenant. La compagnie en elle-même a été fondée en 2014, et compte environ 30 membres, âgés de 18 à 35 ans.
Nous avons pour mission de servir, adorer et annoncer. Le service, premier pilier, constitue l’essence même des laveurs de pieds. C’est ce qu’évoque notre nom, qui rappelle le geste évangélique du Jeudi saint (Jean 13, 2-15). J’aime définir notre mission par l’intermédiaire de cette image : Jésus s’est mis au service des autres en lavant les pieds de ses disciples. Il s’est fait humble, humain, petit pour aider l’autre. C’est ce que nous essayons de vivre dans les maraudes, chaque premier samedi du mois à 20 heures, en allant à la rencontre des personnes de la rue. Le second pilier est l’adoration, clé de voûte du Sacré-Cœur de Montmartre, et nous prions une demi-heure avant de partir pour la maraude. L’annonce forme le troisième pilier. Nous faisons de l’évangélisation active un dimanche par mois, dans la basilique. Nous expliquons aux personnes de passage – ceux que nous appelons les pèlerins – que c’est un lieu vivant. Nous leur proposons de déposer une intention de prière, ou de prier pour eux.
L’aspect fraternel est ce qui m’inspire le plus dans notre compagnie. Nous sommes une véritable famille, avec un ancrage profond dans la vie de la basilique. Au printemps 2017, je traversais un désert au niveau professionnel. La compagnie a alors été pour moi une ressource spirituelle et fraternelle fondamentale.
Les activités ont bien sûr été chamboulées par le confinement. Nous avons très vite appris que la basilique devait être fermée pour au moins 45 jours, ce qui nous a obligés à trouver des alternatives pour maintenir nos liens solidaires. Nous avons donc mis en place une chaîne de prière téléphonique. Tous les jours, nous priions un chapelet ouvert à tous, à 21 h 30, par un système de conférence téléphonique. Nous avons aussi vécu une nuit d’adoration de la même manière. C’était un temps extraordinaire. Sœur Marie-Constance, qui accompagne le groupe, adorait sur place, comme un relais présent de ce que nous vivions à distance. À ceux qui hésitent à s’engager, je dirais que je suis convaincue d’une chose : tout jeune chrétien a le devoir d’utiliser ses talents, son énergie et sa motivation pour faire connaître Dieu à l’intérieur et à l’extérieur des murs de l’Église. Personnellement, pendant les nuits d’adoration, je chante et je psalmodie. J’ai toujours chanté dans des chorales, pour les veillées de Pâques ou les messes de Noël. Ce désir et ce talent que j’ai, je voulais les partager. Cela fait écho à ce qu’a dit Chadwick Boseman, l’acteur de Black Panther : “Quand, à la fin de ma vie, j’arriverai devant Dieu, j’espère que rien ne restera de mes talents, et que je pourrai dire : j’ai utilisé tout ce que tu m’as donné.” Quand je lis ça, je me rappelle pourquoi je me suis engagée. »